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Épisode 11A 

 

    Rentrée chez elle à Mévouillons, en milieu de matinée, elle met son téléphone en charge et le rallume. Mika est avec elle.

-"M’man, mets le mien en charge aussi, je prépare le café.

-Patiiin ! Ils auraient pu me le laisser, mon portable! Ou bien me le garder en charge! Satanés flics ! Il a du s’inquiéter, vu qu’on était tous en garde à vue. Personne pour le prévenir ! "

Elle découvre une vingtaine d’appels en absence, des messages à écouter sur son répondeur et plusieurs textos.

Textos : Céline Vigne, ce matin 8h : "Sarah ! Rappelle vite ! C’est urgent."

              Kev Luz,  8h10 : "Mais qu’est-ce que tu fiches Sarah ! Y’a urgence, là !"

              Léon Bosson, 9h00 : "Sarah ! Rappelle vite le centre !"

Messagerie : Ji Chang-Jun (partenaire de chambrée de Seung-Chul au SMSC), hier soir 23h (en coréen): "Sarah-Shi, Je suis inquiet : Seung-Chul n’est toujours pas rentré de promenade. Il ne répond pas au téléphone. Savez-vous ce qui se passe ?"

                     Ji Chang-Jun, ce matin, 7h : "Sarah-Shi, rappelez vite le centre : Wi Seung-Chul n’est pas rentré de la nuit. On l’a cherché partout au centre. Il n’y est pas."

-C’est quoi ces histoires ? Marmonne-t-elle inquiète. Elle rappelle le dernier numéro en absence inscrit.

C’est Nam Ji-Han (la copine de Ji Chang-Jun et camarade de chambrée de Sarah au SMSC) qui répond. Salutations courtes en coréen. Sarah reste un moment silencieuse, écoutant attentivement. Mika s’approche. Le visage de sa mère l’inquiète. Sarah lui fait signe de se taire et baisse la tête pour mieux s’isoler.

-Dé (oui). J’arrive avant 18h au maximum.

Elle raccroche pour chercher fébrilement un numéro dans ses contacts. 

Mika, je dois partir d’urgence ! Prépare-moi des affaires s’il te plait. Seung-Chul a disparu. Je dois passer un appel avant de partir.

Elle entre dans son bureau, fouille pour trouver ses papiers, tout en téléphonant.

-Allo Enzo Samshun (samshun=oncle), tu es toujours en congrès drones à Orange ? Tu es venu avec ton coucou ? Ça c’est de la chance ! Merci la vie !

... Après la manif ? J’ai pas eu le temps : on m’a mise en garde à vue.

...

Oui...

 non...

Sarah ne sait comment interrompre son oncle bavard, content de parler avec sa nièce.

Samshun ! J’ai besoin de ton aide ! Seung-Chul a disparu.

Peux-tu me conduire à Saint Nazaire avec ton coucou ?

...

Merci !

Je serai là vers 13h.

Merci Tonton ! "

Elle ressort précipitamment du bureau en passant un autre appel. Elle croise Mika et tous deux se dirigent rapidement vers la voiture. Ils marchent en rythme. Mika porte le sac. On répond au téléphone :

 "Salut Mav! C’est Shogun, la femme de Sacha...

Oui, ça fait longtemps...

On parlera plus tard. C’est urgent. Peux-tu m’aider à ne pas être veuve une deuxième fois ?

Je dois être le plus tôt possible à la Baie des Trépassés. Tu peux me trouver un collègue à St Nazaire pour me piloter au moins jusqu’à Plogoff ?

Je décolle d’Orange vers 13h. Je devrais donc arriver àaaaa... Attends je calcule.

-17h. Déclare Mika en tapotant sur son portable.

-Merci Mav. À bientôt, je te revaudrai ça."

 

À partir de là, montage genre clip vidéo.

 

    Mika et Sarah installent les affaires à l’arrière du 4X4. Dans le coffre, on aperçoit des parapentes et des cordes.

-Patiiin m’man ! C’est pas bon de laisser trainer vos parapentes et le matos d’escalade dans la voiture ! Ils prennent le chaud et le soleil.

-Mince ! Je les ai oubliés ceux-là avec tout ça. Bon, En rentrant, tu pourras t’occuper de les ranger ?

-C’est toujours pareil avec toi ! Tu es irresponsable !

-C’est ça, c’est ça. "

Pendant la conversation, ils montent dans la voiture et Sarah démarre en trombe, patinage et nuage de poussière.

-Une vraie gamine ! Déclare Mika cramponné à la poignée de la portière, balloté par la conduite sportive de Sarah dans les virages.

    Arrivés sur la piste de l’aérodrome où son "oncle Enzo" l’attend déjà devant le CESSNA fin prêt, Sarah lance les clés de la voiture à Mika qui place le sac de sa mère dans le cockpit puis fait rapidement la bise à son oncle avant de s’installer au volant de la voiture. Sarah ouvre de nouveau le coffre pour saisir son parapente et rejoint Enzo qui a déjà allumé le moteur du coucou.

    Décollage, survol de quelques paysages.

Après avoir expliqué la situation, Sarah se tait et sort son ordinateur de son sac. Elle commence à étudier la carte de la Baie des Trépassés.

    Atterrissage à St Nazaire.

Enzo dirige le coucou vers les hangars du petit aérodrome. En descendant de l’avion, Sarah remercie son oncle qui se dirige vers le bâtiment principal. Comme la jeune femme s’éloigne de lui, il demande :

"Tu vas faire quoi maintenant ?

-Maintenant, c’est un copain de Sacha qui me prend en charge." Déclare-t-elle en allant vers le seul hélicoptère sur le terrain.

 

Elle monte dans l’hélico qui décolle.

Atterrissage sur le parking de la Baie des trépassés.

    Sarah sort de l’hélicoptère avec ses bagages, remercie le pilote qui décolle aussitôt. Ji Chang-Jun et Nam Ji-Han l’accueillent en la déchargeant des sacs. Ils entrent dans l’hôtel où Sarah retrouve quelques Ekpè2. Tout le monde est fébrile. Trois personnes sont penchées au-dessus d’une carte côtière posée sur une table dans la salle de restaurant. La femme la plus jeune, la capitaine Andret de la gendarmerie d’Audierne, en uniforme, salue la nouvelle venue et fournit les dernières nouvelles à sa demande.

"On a retrouvé la veste de votre compagnon flottant près d’un fourgon à demi immergé, portes et fenêtres ouvertes. C’est pour ça qu’il n’a été remarqué que ce matin à marée basse. Il avait coulé pendant la marée haute. Il commençait à dériver avec le courant. Nous avons commencé à fouiller dans la baie. Nous élargissons actuellement les recherches vers la Pointe du Raz et l’île de Sein.

-Nous sommes en train d’étudier les courants pour voir où le corps aurait pu dériver. Déclare Damien Lebos, commandant du CROSS (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage).

-On ne sait pas s’il est mort ! Rappelle la capitaine agacée.

-Ça fait déjà plus de 24 heures qu’il a disparu, et sept heures maintenant qu’on quadrille la baie en vedette et en hélicoptère. Et on ne l’a pas retrouvé. Alors, tu sais très bien que les chances de le retrouver vivant sont minces.

-De le retrouver tout court d’ailleurs ! Surenchérit la troisième personne, un gendarme.

Sarah s’approche d’eux en remarquant.

-Merci de me remonter le moral. Vous êtes en train de parler de mon homme, là.

-Condoléances... Marmonne le commandant Damien en reprenant son observation de la carte.

-Merci chéri ! Répond Sarah méprisante. Je me passe de votre opinion. Montrez-moi plutôt sur la carte où vous avez concentré vos recherches.

-On a retrouvé le camion ici, au bout de la Baie des Trépassés. La veste et le camion ont commencé à dériver vers le sud, vers la Pointe du Raz, selon le courant.

-Nous avons quadrillé toute cette zone, ajoute le commandant du CROSS en balayant une partie de la carte de sa main droite. Nous n’avons rien trouvé. Alors nous suivons le courant plus loin.

-Et vers le nord ? demande Sara, vers la Pointe du Van ?

-Impossible qu’il puisse avoir dérivé vers le nord. Et nager à contre-courant... C’est impensable.

N’aurait-il pas pu trouver de l’aide ? Un bateau de pêche, un surfer, un kayakiste ? Insiste la jeune noire avec espoir.

-Aux heures où ça s’est passé ? Non.

-"Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité." Cite Sarah d’une voix soucieuse.

-C’est ça ! Sherlock ! Flipper passait dans le coin et l’a emmené à l’abri sur une plage de Saint-Malo ! Laissez-nous faire notre métier. On continue les recherches au sud.

-Bon, je prends le nord alors.

-Mais puisque je vous dis que ça ne sert à rien ! S’énerve le commandant. Pourquoi insister alors que vous n’y connaissez rien?

-Parce que si je ne fais rien, j’aurai sa mort sur la conscience ! Hurle Sarah  excédée. Parce que je refuse qu’il soit mort ! Je refuse de le perdre. Sa voix se brise sur le dernier mot. Elle étouffe un sanglot, prend une longue inspiration et retrouve sa maîtrise.

Le commandant lève la tête, d'abord étonné, puis gêné. Il tourne son regard vers la capitaine qui le fixe avec des yeux assassins, puis s'adresse à Sarah, penaud.

-Excusez-moi. Je me montre maladroit.

-Est-ce que je peux quand-même demander de l’aide au capitaine Andret s’il vous plait ?

-Bien-sûr ! On n’a plus besoin d’elle ici. Chérie, tu es d’accord pour l’aider ?

-Évidemment! Mais des fois tu peux être vraiment très lourd, tu sais, Trésor.

Damien Lebos se tourne vers le gendarme et lui glisse en aparté: débarrassés des fi-filles. Clin d’œil.

    Sarah sort de l’hôtel en se mouchant, suivie de la capitaine. Elle prend au passage un des sacs laissés devant la porte.

"Ne lui en veuillez pas. Il est inquiet et son machisme reprend le dessus dans ces moments-là.

-Sacha était pareil. Dans ces moments-là, c’était un sale con !

Bon. Voilà mon idée, dit-elle d’une voix lasse: Je vais décoller de la Pointe du Van. J’ai vu un endroit idéal sur la carte. Vous me guiderez en radio. Prenez mon ordi : il vous montrera où je suis en permanence : ma sellette est munie d’un tracker. On communiquera par radio. "

  

    En haut de la pointe du Van. Sarah, la Capitaine Andret, et tous les Ekpè2 de son groupe sont au-dessus du capot de la camionnette de gendarmerie à regarder la carte sur l’ordinateur de Sarah.

   "Bon, il est 17h30, j’ai trois heures minimum devant moi pour faire les recherches. Le vent est laminaire, il vient du large, c’est parfait. Donc, je décolle d’ici. Elle montre un point sur l’ordi. La brise me portera assez pour faire un aller-retour vers la pointe de Brézellec. J’irai plus loin s’il le faut. Je m’arrêterai quand on l’aura retrouvé. Ou quand la brise sera tombée. Vous viendrez me chercher. Il y a quelques endroits où je peux me poser sans risque. "

    Léon et Ahn Ae-Jin, les réalisateurs, ne peuvent s’empêcher de filmer les préparatifs de Sarah : déploiement de l’aile, enfilage de la combinaison, réglage des sangles, de la fréquence radio et de sa caméra, fixée au casque.

"fi-fille mon cul ouaip! Marmonne-t-elle. La fi-fille elle t'emmerde! Pauvre tache! "

La jeune femme gonfle sa voile de face, se tourne en la maintenant au-dessus de sa tête, se penche sur sa ventrale, freins en main, bras relevés en arrière, écartés. Elle fait à peine un pas avant d’être soulevée par la brise. En quinze secondes, elle se retrouve une vingtaine de mètres au-dessus des Ekpè2.

    Images prises d’un drone spiralant autour de Sarah et s’élèvant au-dessus du groupe et du camion. Élargissement à la vue aérienne de la pointe du Van et des falaises que Sarah commence à longer.

"Je constate que l’eau a déjà bien régressé. Je survole les goulets, on ne sait jamais...

Le silence. Tout le monde est sur le qui-vive.

    Alternance d’images du vol au-dessus des falaises, de la vue aérienne des falaises, du visage scrutateur de Sarah, qui tourne la tête dans les virages, de la vue aérienne des autres au-dessus du camion, de leurs visages concentrés, anxieux.

Ji Chang-Jun s’écarte au bout d’un moment, dans un geste d’exaspération. Il passe une main dans ses cheveux et regarde l’horizon.

Nam Ji-Han le rejoint, les yeux fixés sur une tache au loin. Elle passe un bras autour de l’épaule de l’acteur.

"Ne t’inquiète pas. Elle va le trouver. Si elle y croit, alors moi aussi ! Regarde-la là-bas"

Grésillement de la radio au bout de 15 minutes: "Je vois une plate-forme rocheuse déjà dégagée à une cinquantaine de mètres.

-On voit exactement où vous êtes. Mais il ne peut pas être là : c’est complètement recouvert à marée haute.

-Attendez ! Je vois quelque chose de bizarre. Je grimpe pour rester au-dessus.

-Il n’y a rien à voir là. Commente la capitaine. Il n’y a que la falaise. Aucun accès vers le haut.

-Quand-même ! Demandez aux Ekpè2 ce que portait Seung-Chul quand il est parti.

-Ils disent que c’était le jogging Ekpè2.

-Ok. Alors, je descends voir !

-Faites attention ! Vous pourriez être trop basse pour rejoindre la plage de Théolen. Et avant ça, il n’y a que des anses de galets.

-Je vois une corniche en haut de la plate-forme. Au pire, je me réfugierai là pour la nuit.

-Mais c’est débile ! Elle est complètement folle ! S’écrie Christian Dupape au moment où la capitaine appuie sur le bouton émetteur de la radio.

- Maaaaaiiiiis qui voilà ! Je l’avais oublié le débile! Dites-lui de fermer sa grande gueule de con et de ne pas couper la parole aux adultes. Décidément, entre lui et le commandant du CROSS, on est cernés par les cons !

    Gros plan sur le visage de Sarah qui entend dans son écouteur :

-Le connard du CROSS, c’est mon mari.

-Oh patin ! La bourde ! Désolée Capitaine Andret, j’aurais dû me taire !

-Non, non, je confirme : des fois il peut se montrer très con. "

Tout le monde a entendu, mais la gendarme répète mot pour mot les paroles de Sarah concernant Christian. Céline traduit en anglais pendant que tous détournent la tête pour cacher leur sourire de connivence.

"Je suis à 50m-sol. Je vois... quelque chose comme un piquet, un tronc, une branche coincé dans une petite faille, près de la falaise, à l’ouest de la plate-forme.

La mer a encore dégagé. J’aurai plus de surface pour atterrir. Super...

Quelque chose est accroché au bout du pieu... c’est vert... Presque fluo...

-C’est quoi ? demande Fanny Forest qui s’est approchée de la radio.

    Un grand éclat de rire éclate dans le haut-parleur.

-C’est son pantalon ! s’exclame Sarah ! Son pantalon de Jogging ! Merci ma moman pour le choix de la couleur ! On le voit de loin !

    Images du drone au-dessus des ekpè2 et du camion.

On entend un hourra, de grands cris, des rires et on les voit se prendre dans les bras les uns des autres, faire des checks.

-Il a attaché son pantalon pour me faire une biroute ! Elle rit encore, larmes aux yeux. C’est mon homme ! Il m’attend !

   Gros plan du visage de Sarah, tête penchée dans son virage, larmes aux yeux, sourire tremblant.

-Une biroute ? S’étonne la capitaine.

-Une manche à air... Et plus loin, devant une anfractuosité... Un truc blanc. Bon. Je me pose. Notez l’endroit, faudra venir nous chercher à la prochaine marée basse.

    Zoom sur la troupe autour du camion, anxieux.

Posée ! La voile est presque sèche. Je plierai plus tard. Je la coince juste entre deux rochers. Je vais voir la tache blanche près de l’entrée... d’une grotte on dirait... Je vous tiens au courant. "

Trois minutes passent. Céline et Nam Ji-Han regardent leur montre, fébriles.

"Sarah pour Ekpè2, la tache blanche, c’est le T-shirt de Seung-Chul. Dit-elle en s’accroupissant devant le polo. Il l’a étalé et calé avec des galets. Il a écrit : Sar-ha avec des algues, en coréen.

Céline traduit pour la capitaine : Ça veut dire "je suis vivant. "

- Le S coréen fait une flèche dans la direction de ce qui semble être une grotte. C’est pâle, mais c’est bien visible. Il savait que je viendrais.

On entend son émotion même à travers la radio.

Ne vous inquiétez pas si vous ne m’entendez plus. Les ondes radio ne passent pas dans les grottes.

-Ok. On attend de tes nouvelles. Il est 17h45. Le soleil se couchera vers 22h... Tu as un peu de temps.

-Over. "

    Au-delà du T-shirt, c’est l’obscurité. La grotte semble être profonde.

"J’espère que ça ne va pas faire comme les grottes de Morgat en face ! Parce que là, il me faudrait un kayak ! "

    Elle retourne au parapente pour prendre une lampe torche dans la grande poche de sa sellette. Elle la fixe à côté de sa caméra sur son casque puis elle s’engouffre dans l’ombre, pataugeant dans les marmites d’eau, dérapant sur des dalles, trébuchant sur des galets. Elle tombe sur l’épaule, se rappe le bras en se relevant.  Avisant plus d’eau qu’elle ne pensait, elle s’arrête, rebrousse chemin et enlève combinaison et vêtements qu’elle bourre dans la poche de la sellette.

"Si je dois tomber dans l’eau, au moins mes vêtements ne seront pas mouillés."

Tout au long de son avancée, elle appelle Seung-Chul en essayant de crier plus fort que les goélands, les cormorans et les macareux venus se réfugier dans leurs quartiers pour la nuit.

"Si je n’étais pas si inquiète, j’apprécierai la beauté de cet endroit et de sa musique ! SEUNG-CHUUUUUUUL ! "

Deuxième chute, dans l’eau cette fois.

"Patin de merle ! T’as intérêt de répondre maintenant ! Marmonne-t-elle en colère.

SEUNG-CHUUUUUL ! SÉQUIA ! Tu vas répondre oui ? Je ne suis plus d’humeur là !

Un cri aigu, lointain au fond de la grotte.

C’est ni un oiseau, ni mon homme ça ! SEUNG-CHUL !

Un autre cri, plus long, comme une sirène qui se rapproche un peu.

Seung-Chul, tu es là ?

Cette fois, un cri plus grave, qui semble lointain.

-Sarah ! Sarah ! Je suis là ! Suis ma voix ! Sarah !

-Seung-Chul ! Seung-Chul ! Sale con ! Séquia ! Qu’est-ce que tu fous là ? Les secours te croient mort !

-Je sais ! C’est ridicule ! J’ai été idiot. J’ai eu peur. Mais je savais que tu me trouverais. Merci  ma reine ! Merci Péha !

-Eh ! Je m’enfonce là ! Il y a de plus en plus d’eau ! Je vais devoir nager ?

-Non ! Avance encore un peu ! On a de l’eau jusqu’aux aisselles au plus profond.

-Tu es blessé ?

-Non, mais j’ai froid ! Très froid.

-Ben tu devras attendre encore un peu! Tu aimes ces moments d’attente qui ne reviennent pas, je le sais... Je vais prévenir que je t’ai retrouvé puisque tu n’as rien de grave."

    La jeune femme rebrousse chemin plus rapidement, évitant comme elle peut les pièges du sol. Dès sa sortie, elle se dirige vers son aile pour la plier.

" Sarah pour Ekpè2, je l’ai retrouvé ! Il va bien ! Il a juste froid. Il est au fond d’une grotte. La grotte se termine par une étroiture en triangle. Il semble y avoir une deuxième salle derrière. Seung-Chul est de l’autre côté. Je plie le parapente et je le rejoins. On restera ici cette nuit. Je suis tellement soulagée que je ne veux plus que dormir.

-Mais ça va faire deux nuits que ton homme n’a pas mangé !

-Le paaaauvre ! Fallait pas se mettre dans cette situation alors ! Mais t’inquiète : dans mon parapente, j’ai encore des noodles et un litre d’eau. Vestiges de la Born to fly ! Quand je raconterai ça à Mika ! C’est utile d’être désordonnée.

-T’as aussi pris des duvets ? Ironise Christian.

-Encore toi ? On dormira dans la voile !  En plus, j’ai des vêtements chauds dans la sellette. Vive ma négligence ! J’ai eu la flemme de ranger mes affaires en rentrant de la compétition du mois dernier.

-Ok pour ça. J’informe le CROSS d’arrêter les recherches et on vient vous chercher en vedette demain matin. Bonne nuit.

-Merciiiii ! Over !" On entend même le clin d’œil accompagnant cette réponse de Sarah.

 

Fin première partie.

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