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17. INT. CABINE DE L’HÉLICOPTÈRE – APRÈS-MIDI

Sous-titre : 1er janvier 2024, dans l’après-midi

 

Le bruit sourd des hélices envahit la cabine tandis que le paysage défile en contrebas. Seung-Chul, le visage appuyé contre la vitre, observe la mer avec un regard absent. À côté de lui, Sé-Wi, tenant son enfant dans les bras, échange des regards préoccupés avec Min-Ji, assis en face. Chang-Jun, à côté de lui, et Ji-Han à côté de Sé-Wi, suivent la conversation d'un air attentif.

La conversation suivante est en coréen sous-titré

 

                     MIN-JI (s'adressant doucement à Seung-Chul)

Seung-Chul, pense à ta famille, à ton avenir. Sarah a disparu, mais toi, tu es vivant.

사라는 사라졌는데, 너는 살아있어

(Sarah-neun sara-jyeon neunde, deoneun sara-isseo.)

 

Dans la phrase en coréen, les syllabes SA-RA reviennent souvent.

Seung-Chul se tourne vers Min-Ji, les yeux pleins de mépris.

 

                     SEUNG-CHUL moue sarcastique

Sarah, Sarah, Sarah ! Merci. J’avais peur de l’oublier. Mes amours ont disparu ! Alors, non ! Je ne suis pas vivant !

 

Les mêmes allitérations apparaissent dans cette tirade.

Le dernier mot s’achève sur un sanglot retenu.

Chang-Jun s’approche pour poser la main sur son épaule, tandis que Ji-Han se penche devant Sé-Wi pour lui prendre la main. Sé-Wi, mécontente de n’être pas écoutée.

 

                     SÉ-WI agacée

Et nous alors ? Et ta famille ? Et Gi-Seon ? Tu dois vivre ! On a besoin de toi ! Arrête de penser à ton aventure grotesque avec une noire et un homme !

 

Sa voix fait sursauter le bébé qui s’agite dans son sommeil. Ji-Han pose une main sur l’épaule de Sé-Wi.

 

                     JI-HAN apaisante

Chhhhut. Seung-Chul doit faire son deuil. Sois patiente.

 

Min-Ji pose une main sur le genou de Seung-Chul, qui se dégage de toutes ces mains bienveillantes.

 

                     MIN-JI persuasif

Retournons en Corée, demain !

La Corée, c'est ton foyer, c'est là que tu pourras te reconstruire, loin de toute cette... douleur.

 

                     SÉ-WI hochant la tête, insistante

Min-Ji a raison. Tu dois tourner la page. Reviens en Corée, pour repartir à zéro.

 

                     SEUNG-CHUL sarcastique

Ça vous arrangerait, hein ! Je Mes amours partis, vous m’auriez pour vous tout-seuls ? Comme un jouet !

 

Min-Ji se renfonce dans son siège, comme s’il avait pris une gifle, tandis que Sé-Wi, sans finesse, embrasse le crâne duveteux du bébé en regardant Seung-Chul par-dessous ses cils.

 

                     MIN-JI offusqué

Ce que tu dis est injuste !

Son regard se porte sur la côte grandissante, puis il capte le regard de Seung-Chul.

Oui, je t’aime ! Et c’est cet amour qui m’a donné la force de te laisser vivre ta vie.

Il marque une pause, lèvres tremblantes, les yeux lançant des éclairs.

Et je n’espère rien de toi ! Je respectais Sarah pour l’amour et le bonheur qu’elle t’apportait.

Tout ce que je te dis, c’est pour ton bien !

Il tourne rageusement la tête vers l’autre fenêtre.

Mais, puisque tu refuses mon soutien, je me tais !

 

Seung-Chul fixe toujours son manager, le regard moins dur. Il comprend Min-Ji, mais ne veut pas pardonner, tout à sa douleur.

Un souvenir lui revient tandis qu’il a les yeux plantés dans ceux de Min-Ji.

 

Fondu enchainé sur les yeux tristes de Seung-Chul.

 

DÉBUT DE FLASHBACK

18. EXT. PARKING DE L’AÉROPORT D’INCHEON – JOUR

Sous-titre : mai 2023, après la promotion de l’EFKED 1.

Les FKED sortent du minibus affrété pour eux. Les coréens sont là pour faire leurs adieux aux français.

Seung-Chul sort du véhicule, le visage fermé. Les rayons du soleil couchant se reflètent sur les vitres du terminal. Une silhouette les attend près de l’entrée : Min-Ji. À sa vue, Sarah s’arrête net au bas du car, et ses yeux se plissent de colère.

 

          SARAH serrant les dents
Qu’est-ce qu’il fout là ?

 

Min-Ji s’avance prudemment, tendu, les yeux fixés sur le sol. Il s’arrête à un mètre de Sarah et s’agenouille, tête baissée, les mains tremblantes sur ses genoux.

 

                     MIN-JI voix enrouée, emplie de culpabilité


Tout le mal que je t’ai fait, c’était par amour pour Seung-Chul. Je te demande pardon. Je n’étais plus moi-même. Je paierai pour ça. Mais... s’il te plaît, laisse-moi rester son manager. Personne ne peut gérer sa carrière mieux que moi. Je le connais par cœur.

 

Sarah recule d’un pas, le visage contracté de mépris, et arrache d’un geste rageur le pansement blanc de sa joue, exposant les scarifications encore rouges de sang.

 

                     SARAH furieuse

Tu crois que je peux pardonner ça ?!

 

                     MIN-JI tremblant, la voix brisée


Ça, ce n’était pas moi, Sarah ! Je nettoyais la boue que Seung-Chul m’avait renversée sur la tête… sous la surveillance de tes amazones ! Je n’aurais jamais fait quelque chose d’aussi cruel !

 

Tout autour, le silence s’installe. Les membres du groupe, les gardes et les amazones retiennent leur souffle. Enfin, Sarah s’approche, tend la main et aide Min-Ji à se relever. Il garde les yeux baissés, sans voir le coup de poing qui s’abat violemment sur son nez. Seung-Chul observe Sarah, inquiet : elle vacille légèrement, une main portée à son ventre. Il s’approche pour l’aider, mais elle le repousse discrètement.

 

                     SARAH après une longue inspiration

Je connais le pouvoir de l’amour, Min-Ji. Je ne te pardonne pas tes tentatives mesquines pour m’éloigner de Seung-Chul. Pour l’amour de Seung-Chul, tu resteras son manager… après avoir payé ta dette. Mais… ne t’approche plus jamais de moi.

 

Min-Ji s’incline profondément, les yeux baignés de larmes, le nez en sang. Puis, il se redresse, incline la tête avec reconnaissance et s’éloigne dans le silence.

 

FIN DU FLASHBACK

 

Fondu enchainé VERS les yeux compatissants de Seung-Chul.

 

19. INT. RETOUR DANS LA CABINE DE L’HÉLICOPTÈRE – APRÈS-MIDI

Seung-Chul pose une main sur le genou de Min-Ji qui baisse les yeux sur ce geste étonnant.

 

                     SEUNG-CHUL compréhensif

Je sais ton honnêteté, Min-Ji. Et Sarah avait pardonné au nom de l’amour. On n’en parle plus.

Min-Ji, je ne suis pas attiré par les hommes... Quand j’ai dit devant Sarah et Sacha que je n’étais pas pédé, j’ai reçu une gifle.

 

Min-Ji relève la tête, Seung-Chul et lui partagent un sourire triste.

 

                     MIN-JI voix pleine de tendresse

Pourquoi parler d’attirance quand il s’agit d’amour ?

 

Le sourire triste de Seung-Chul s’accentue, mais ses lèvres tremblent légèrement.

 

                     SEUNG-CHUL ému

Tu parles comme Sacha...

 

Il lève les yeux au ciel pour cacher ou chasser ses larmes.

Et tout en répétant les paroles de Sacha, il entend sa voix, et son visage se superpose à la réalité.

 

                     SEUNG-CHUL (ET SACHA VOIX OFF)

L’amour se fout du genre.

 

Tandis qu’il essuie ses joues humides d’un revers de main, Chang-Jun s’agite, mal à l’aise.

 

                     CHANG-JUN gêné

J’ai déjà beaucoup de mal à imaginer l’amour entre deux hommes... Mais un ménage à trois... Un amour à trois ?

 

Il s’avance sur son siège pour regarder Seung-Chul droit dans les yeux, cherchant une réponse. C’est Ji-Han qui répond de manière agressive.

 

                     JI-HAN énervée

L’amour se fout du nombre !

Tu me déçois, Shagia !

 

Min-Ji et Seung-Chul se calent dans leur siège, satisfaits d’avoir une alliée.

 

                     MIN-JI soulagé

Merci Nam Ji-Han, de comprendre.

L’amour se fout du genre, l’amour se fout du nombre...

Il se tourne alors vers Sé-Wi, énonçant :

Et l’amour se fout de la couleur !

 

Seung-Chul dévisage Chang-Jun, l’air préoccupé. Il semble vouloir que son ami le comprenne.

 

                        SEUNG-CHUL tendu

Je n’ai pas choisi cet amour, Chang-Jun ! C’est cet amour qui m’a choisi.

 

Ji-Han le regarde avec compréhension. Chang-Jun regarde intensément Seung-Chul, puis se relâche, détourne lentement la tête.

 

                     CHANG-JUN en soupirant

Pour ça, je te crois ! Qui choisirait cette voie si difficile, si incomprise ? Et un acteur en plus...

 

Sé-Wi profite de ce moment de calme pour tendre le bébé à Seung-Chul.

 

                     SÉ-WI souriant tendrement à Gi-Seon

Tiens ton fils un instant s’il te plait. Je fatigue.

 

Sans faire le moindre geste, Seung-Chul tourne la tête, le regard glacial, visage fermé.

 

 

                     SEUNG-CHUL méprisant, glacial

Ne t’avise plus de me mentir ! Son père est en prison ! Le sort de cet enfant ne m’intéresse pas ! Toi et tes mensonges, vous êtes méprisables !

 

C’est au tour de Sé-Wi de se sentir giflée. Ji-Han, avec tact et gentillesse, lui prend le bébé des mains, et se met à jouer avec ses petites mains. Sé-Wi se tourne alors brutalement vers Seung-Chul, les yeux brûlant de colère.

 

                     SÉ-WI enragée

Mais réveille-toi, séquia ! Elle t’a abandonné ! Elle a choisi de suivre son mari ! Arrête d’aimer une ... femme volage ! Reprends ta vie en main !

 

Seung-Chul reprend son observation du paysage, se désintéressant instantanément de Sé-Wi.

 

                     SEUNG-CHUL indifférent

tu ne comprendras jamais hein ? Sacha était NOTRE mari. Sarah était NOTER femme, à Sacha et moi. Tous les trois, nous nous aimions à en crever.

Les yeux toujours rivés sur l'horizon, la voix rauque

Trois mois... Nous avons eu trois mois... Et je dois rester en vie pour chérir ces trois petits mois de bonheur.

 

Chang-Jun se réinstalle dans son siège pour donner doucement son avis, cherchant le regard de la Star.

 

                     CHANG-JUN  doucement

Souviens-toi de ce qu’a dit Sarah à propos de Sacha, lors de la soirée d’ouverture à Séoul.

 

 

 

          JI-HAN avec émoi

Elle a dit : “Mon mari est mort... Il est dans mon cœur.

Mais je suis vivante, je vis pour lui et pour moi. ”

 

Chang-Jun s’installe au bord du siège, coudes sur les genoux.

 

                     CHANG-JUN compatissant

Sacha et Sarah sont morts, mais ils sont dans nos cœurs, dans TON cœur. Alors, vis pour eux ! Honore le prénom de sarah ! Vis !

 

Seung-Chul étouffe un rire triste, il tourne la tête vers ses amis en s’essuyant le nez avec sa manche.

 

                     SEUNG-CHUL hésitant entre larmes et sourire

Je ne pourrai pas ! Je n’ai pas sa force !

Il se mouche bruyamment, puis se redresse avec une grande inspiration. Ses larmes coulent encore.

Je ne peux pas. Je veux honorer leur mémoire en allant voir la famille de Sarah, ramener des souvenirs. Je veux me souvenir qu’ils ont existé... Et que j’ai été heureux...

 

Chang-Jun, Ji-Han et Min-Ji échangent un regard soulagé : Seung-Chul reprend ses esprits.

 

          JI-HAN approuvant d'une voix douce

Il a raison. On ne peut pas fuir et oublier. Aller à Mévouillon, c’est un moyen de dire adieu, de trouver la paix.

 

          SEUNG-CHUL contestant

Je trouverai peut-être la paix... Mais plus le bonheur.

 

Fondu enchainé sur les yeux perdus de Seung-Chul

 

          DÉBUT DE FLASHBACK

 

20. INT HÉLICOPTÈRE MI-8 – NUIT

Sarah et Seung-Chul sont penchés sur Irina, lui apportant soins et réconfort. Ils entendent Sacha dans l’oreillette.

 

                     SACHA  off, sombre

On n’oublie pas. On occupe juste l’esprit...

 

          SEUNG-CHUL tristement

le temps que le cœur cicatrise...

 

          SARAH fataliste

... Mal parfois.

 

                     SACHA off, répétant tristement

le temps que le cœur cicatrise... Mal parfois.

Mais on vit.

 

FIN DU FLASHBACK

 

Fondu enchainé VERS les yeux tristes de Seung-Chul.

 

 

21. INT. RETOUR DANS LA CABINE DE L’HÉLICOPTÈRE – APRÈS-MIDI

Seung-Chul secoue la tête comme pour sortir d’un cauchemar et regarde les personnes autour de lui, comme s’il les découvrait. Chang-Jun essuie une larme et se racle la gorge pour chasser sa peine.

 

                     CHANG-JUN ferme mais compréhensif

Nous serons là pour te soutenir. On ne trahira pas leur mémoire. On y va d'abord, puis on rentre ensemble.

 

Sé-Wi reprend son bébé, agitée, et le tend à Seung-Chul, qui le prend dans ses bras cette fois.

 

                     SÉ-WI en colère

Pourquoi remuer ce passé immoral ? Seung-Chul ! Reviens à la réalité ! Rejoins-moi ! Formons une famille unie, comme ça aurait toujours dû être !

 

Seung-Chul prête peu d’attention à ses paroles, admirant silencieusement le bébé. Les trois autres sont horrifiés par ces paroles égoïstes, dénuées de la moindre empathie.

 

                     MIN-JI réprobateur

Pitié, Sé-Wi, arrête ! Tu es ignoble !

 

                     SÉ-WI se tournant brusquement vers lui

Mais bon sang, Min-Ji, aide-moi ! C’est pour son bien !

 

Chang-Jun et Min-Ji se regardent, interloqués. Ji-Han se tape les genoux en détournant brusquement la tête, dans un geste excédé.

 

                     MIN-JI les yeux tristes

Pour son bien ? Ou le tien ?

 

          CHANG-JUN amer, surpris

Je ne te connaissais pas comme ça.

 

Le bruit de l'hélicoptère continue, mais l'atmosphère reste tendue, amère.

Seung-Chul, indifférent à ce qui s’est dit, admire l’enfant, jouant avec ses mains et s’émerveillant de son minois. Il inspire profondément avant de parler au bébé.

 

                     SEUNG-CHUL souriant, résilient

Gi-Seon, au nom de Sarah et Sacha, je prendrai soin de toi... Comme un père. Et tu ne ressemblera ni à Gentiane, ni à Chucky !

Il secoue la tête avec un grand sourire aimant, les yeux conservant un regard triste.

Ils sont morts. Tu es vivant.

Je t’adopte ici et maintenant.

Sé-Wi se détend et se renfonce dans son siège. Elle n’a pas compris l’allusion à Chucky. Elle se penche sur l’épaule de Seung-Chul qui la repousse d’un mouvement sec.

Quand tu seras officiellement mon fils, tu t’appelleras Gi-Seon WinGuéKov.

 

Les yeux de Sé-Wi s’agrandissent. Elle comprend enfin qu’elle n’a pas de place dans l’avenir que dessine Seung-Chul.

Gi-Seon, souriant et babillant à Seung-Chul, semble apprécier son nouveau nom.

Le bruit sourd des hélices continue de remplir la cabine. À travers la vitre, les abords de la côte se dessinent, avec son port commercial, ses cargos et ses grues.

Regardant l’animation du port en-dessous, Seung-Chul remarque avec résilience et chagrin.

 

                     SEUNG-CHUL dans un soupir

On ne peut pas arrêter la vie.

Ses compagnons se tournent vers lui, écoutant avec attention.

Sacha Volkov, Sarah N’Gué, Sarang-hé ! Sar-ha.

 

Et pendant qu’il embrasse le front du nourrisson, Sé-Wi détourne la tête tandis que les autres répètent en cœur.

 

                     LES AUTRES révérencieux

Sar-Ha.

 


22. INT. CHAMBRE À COUCHER – JOUR

 

Fade in ‘encore une heure’ (Céline Dion) sur les scènes 22-23-24-25-26-27 et 28

 

Plan poitrine de Seung-Chul, avec Gi-Seon attaché sur son ventre par une écharpe. Ses yeux humides contemplent la chambre faiblement éclairée, il affiche un sourire nostalgique. La caméra pivote et balaie la pièce qui s’éclaire petit à petit pour révéler Sarah et Sacha debout devant lui, installant le tableau triskèle-3S à la tête du lit sous ses directives.

(Le triskèle-3S est une photo réalisée par Léon, où les trois amants sont allongés sur un tapis herbeux  en chien de fusil, nus, leurs têtes se touchant, formant ainsi un triskèle humain géant.)

 

DÉBUT DE FLASHBACK

23. INT. CHAMBRE LUMINEUSE – JOUR

La scène est presque surexposée.

Sarah et Sacha sont debout sur le lit, tentant de positionner le grand tableau correctement sous les directives de Seung-Chul. Ils obéissent à chaque consigne. 

 

                     SEUNG-CHUL penchant la tête

Baisse un peu de ton côté, Sarah.

... Non ! Déplacez-le légèrement à droite...

 

Sarah se tourne vers lui, agacée. Sacha peine à maintenir son côté du tableau, il souffle.

 

                     SARAH agacée

Ça fait plus d’un quart d’heure qu’on y est ! Tu le fais exprès ! Ça t’amuse ?

 

Les bras de Sacha commencent à trembler.

 

                     SACHA voix sourde

Viens me remplacer, Saku ! J’en peux plus !

 

Seung-Chul, rieur, va prendre la place de Sacha, posant un baiser dans son cou au passage.

Sacha se poste devant le lit pour observer la position du tableau.

 

                     SACHA satisfait

Mais il est parfait ce tableau ! Tu t’es payé notre tête, hein !

 

Seung-Chul se retourne avec un sourire désarmant.

 

                     SARAH fatiguée

C’est bon ! Je lâche tout ! C’est parfait comme ça.

Elle se précipite sur Seung-Chul et d’une clé impeccable, le renverse sur le lit, s’assoit à cheval sur lui pour le chatouiller.

T’es vraiment un tapounoum toi !

 

Sacha se joint à eux d’un bond joyeux et c’est une partie de bousculades, de chamailleries heureuses. Pour finir, Sacha déploie la couverture sur eux.

 

La lumière diminue petit à petit, laissant Seung-Chul dans l’ombre de la pièce vide, les rires et gloussement s’estompent dans une réverbération pleine de regrets.

                     FIN DU FLASHBACK

 

24. INT. PAS DE LA PORTE DE LA CHAMBRE À COUCHER – JOUR

Seung-Chul referme doucement la porte sur l’écho des rires passés.

 

fondu au noir prolongé.

 

25. INT. CUISINE MÉVOUILLON – FIN D’APRÈS-MIDI

Nouveau plan poitrine de Seung-Chul, Gi-Seon s’agite un peu, avec de petits gazouillis dans son écharpe.

La cuisine est faiblement éclairée par les rayons du soleil rasant. Le sapin de Noël a perdu sa couleur verte et il ne lui reste que peu d’épines brunes sous les décorations restées dans l’ombre.

DÉBUT DE FLASHBACK

26. INT. CUISINE – NUIT (LUMIÈRE INTENSE)

La pièce s’illumine de nouveau, d’une lumière presque saturée. Cette fois, devant Seung-Chul de dos, dans l’ombre, Sacha et lui sont appuyés contre le mur et s’embrassent passionnément. Le bruit du réfrigérateur qui démarre les fait sursauter et ils se séparent, regards fuyants, gênés.

La caméra pivote pour montrer le visage de Seung-Chul, souriant tristement dans la pénombre.

 

FIN DU FLASHBACK

27. INT. CUISINE MÉVOUILLON – FIN D’APRÈS-MIDI

Le plan s’élargit sur Seung-Chul devant la porte d’entrée. Il porte un petit sac sur ses genoux. Un baiser sur les cheveux du nourrisson qui gazouille, une caresse sur son petit crâne, et il éteint la lumière, tourne son fauteuil roulant et sort en refermant la pièce derrière lui.

 

Fondu au noir prolongé.

 

28. EXT. DEVANT LA CUISINE – SOLEIL RASANT

Mika, Chang-Jun, Ji-Han et Min-Ji attendent Seung-Chul devant la maison. Quand il sort, Mika prend le sac pour le porter jusqu’à la voiture. Chang-Jun se poste derrière Seung-Chul pour pousser le fauteuil tandis que Ji-Han marche à côté, silencieuse, faisant des grimaces timides au nourrisson.

Les deux hommes aident Seung-Chul à s’installer côté passager et rangent le fauteuil dans le coffre, tandis que Ji-Han prend la place du chauffeur et Chang-Jun s’assoit près de Sé-Wi qui a récupéré Gi-Seon.

Avant que la voiture ne démarre, Mika se penche vers la vitre de Seung-Chul et lui fait signe de l’ouvrir.

 

                     MIKA sûr de lui

Ils sont vivants Seung-Chul. Je le sais au fond de mes trippes. Maman ne nous abandonnerait jamais comme ça. Attends-les.

 

                     SEUNG-CHUL las, les traits tirés

Elle me l’a dit. “on se reverra... Dans cette vie ou la prochaine...”

 

Mika se redresse et crie alors que la voiture s’éloigne.

 

fade low to off ‘encore une heure’ (Céline Dion)

 

                     MIKA plein d’espoir

Ils sont vivants, Seung-Chul !

Sar-ha !

 

29. HALL DE LA MAISON DE PRODUCTION DE SEUNG-CHUL ET SÉ-WI – APRÈS-MIDI

Sous-titre : six mois plus tard.

Le hall est animé : des employés circulent, tandis que des invités en tenue de cérémonie patientent devant les grandes portes de la salle de réception. De part et d’autre des portes, de grandes gerbes de félicitations coréennes colorent les murs.

Devant l’entrée, une table accueille un grand livre d’or où les invités écrivent leurs messages de félicitations. Les parents de Seung-Chul, habillés en hamboks traditionnels, accueillent chaque invité avec respect, accompagnés de deux autres aînés en costume traditionnel.La nièce de Seung-Chul s’amuse avec le ruban d’une des gerbes, tandis que d’autres enfants s’amusent à courir en tous sens.

Chang-Jun, Min-Ji et Ji-Han sont parmi les invités.

Soudain, les gens s’écartent sur le passage de Seung-Chul en smoking noir, qui tourne énergiquement les roues de son fauteuil et entre précipitamment dans la salle de réception, refermant les portes derrière lui.  

 

 

 

30. INT. SALLE DE RÉCEPTION – APRÈS-MIDI

Des tables rondes superbement décorées de chemins de table et de vaisselle rutilante sont disposées en quinconce de part et d’autre d’un tapis rouge menant vers un autel en haut de quelques marches.

Sé-Wi, assise à une table, en tenue de mariée moulante, bras découverts et col montant, tient Gi-Seon vagissant contre elle, le secouant plus qu’elle ne le berce. elle affiche une grimace hésitant entre la colère et les larmes.

Seung-Chul s’approche pour prendre l’enfant dans ses bras, lui murmurant des mots rassurants. Gi-Seon cesse immédiatement ses pleurs.

 

                     SEUNG-CHUL apaisant, en français

Là, là, tout va bien mon enfant. tout va bien.

Il soulève l’enfant en souriant et faisant des grimaces

Arrête d’embêter maman. Elle est fatiguée, tu sais.

Fais-moi un sourire.

 

L’enfant répond par un magnifique sourire, puis il s’agite en émettant de petits cris contrariés, voulant visiblement qu’on le pose par terre.

 

          SEUNG-CHUL conciliant

ok, ok ! Tu es aussi impatient que ta mère dis-donc !

 

Il le pose par terre, à ses pieds. L’enfant s’agrippe aux roues du fauteuil pour se mettre debout. Il maintient sa position instable un instant puis retombe sur ses fesse. Sé-Wi, agacée par ce manège, se lève et commence à arpenter la pièce. Elle supporte mal la complicité existant entre ces deux-là.

 

Conversation en coréen sous-titré

 

                     SÉ-WI pincée

Comme d’habitude, il te réserve ses sourires, et je n’ai que les pleurs.

 

          SEUNG-CHUL haussant les épaules

Il sent ta nervosité, comme tous les bébés. Alors, il n’aime pas que tu le prennes. Ça le stresse.

 

Sé-Wi lève les yeux au ciel, excedée. Tandis que Seung-Chul s’amuse avec Gi-Seon, elle s’assoit loin d’eux, de mauvaise humeur.

 

                     SÉ-WI énervée

Mais je suis sa mère, moi !

 

Seung-Chul lève les yeux vers elle, son sourire disparait instantanément.

 

                     SEUNG-CHUL sèchement

Exact ! Sous-entendu : je ne suis pas le père ? Après tout le mal que tu t’es donné pour me persuader... Tu es versatile !

Seung-Chul installe l’enfant sur ses genoux pour jouer avec ses mains.

Je ne suis pas le père et je me comporte comme un père. Tu es la mère, et tu ne te comportes pas comme une mère. La vie se moque de nous, hein ?

Tout en jouant à secouer les petites mains en faisant des grimaces amusantes, faisant rire Gi-Seon, il s’adresse à Sé-Wi.

Tu es sensée être sa mère aimante et patiente. Alors comporte-toi comme telle au lieu de le gronder tout le temps.

 

                     SÉ-WI se défendant, frustrée

Mais il est toujours dans mes pattes ! Il me prend tout mon temps ! Je ne peux plus recevoir, ou aller dans des soirées mondaines. Plus de cinéma... Plus de shopping, de coiffeur, de SPA... Plus de temps libre !

 

Seung-Chul a repris ses jeux avec l’enfant. Il l’inter-rompt en souriant.

 

                     SEUNG-CHUL rieur

C’est moi qui m’en occupe presque toujours ! Avec mon handicap, je ne suis plus bon qu’à ça : être un papa d’enfer ! Toi, tu continues à tourner et à vivre pour toi !

 

Il sort une girafe en caoutchouc de sa poche et la fait couiner devant Gi-Seon qui veut l’attraper.

 

                     SEUNG-CHUL joueur, en français

Allez mon bébé ! Allez ! Viens chercher Sopie Girin.

 

Sé-Wi se lève alors comme une furie et se précipite sur Seung-Chul pour lui enlever le jouet des main et le lancer à travers la pièce en criant.

 

          SÉ-WI rouge de colère

Et arrête de lui parler français ! Il est coréen ! Nous n’avons plus rien à voir avec la France !

 

L’enfant se met à geindre et pleurer, tandis que Seung-Chul se redresse, glacial, pivote son fauteuil et va ramasser la girafe. Sa respiration s’accélère, son visage pâlit, ses yeux lancent des éclairs. Il fait lentement demi-tour. Mais quand il reprend la parole, c’est d’une voix grave maîtrisée.

 

                     SEUNG-CHUL cassant

TU n’as rien à voir avec la France !

Mon cœur, lui, restera à jamais français ! Et le fils de Christian apprendra le français. Je dois bien cette revanche à Sarah et Mirage !

Il s’arrête pour la regarder dans les yeux, la défiant du regard.

C’est à prendre ou à laisser.

 

Ayant récupéré le jouet, il rejoint l’enfant qui se tait dès qu’il a la girafe en main. Il la porte à ses dents avec satisfaction. Pendant ce temps, Sé-Wi s’est relevée, et remet nerveusement sa robe en forme, mais parle avec calme.

 

                     SÉ-WI pragmatique

Nous en reparlerons après la cérémonie. Je vais me rafraichir, les invités vont entrer.

 

Quand elle arrive à sa hauteur, Seung-Chul la retient fermement par le bras, plantant son regard dans le sien.

 

          SEUNG-CHUL glacial

Non ! On en parle maintenant ! Car il est encore temps pour moi de ne pas me marier !

 

L’espace d’un instant, Sé-Wi plisse les yeux, comme pour évaluer la sincérité de Seung-Chul. Puis très vite, son visage se fait docile, tendre.

 

                     SÉ-WI enjôleuse

Voyons, ne t’énerve pas. Ce soir, nous serons une famille unie, dans l’amour...

 

Seung-Chul éclate d’un rire sans joie.

 

                     SEUNG-CHUL amer

Ce mariage n’est qu’une façade, et tu le sais ! Je ne t’aimerai jamais. Je veux juste rester auprès de cet enfant qui m’aide à vivre... Et lui éviter l’influence d’une mère fantasque et égoïste.

 

Sé-Wi dégage son bras de l’emprise de Seung-Chul. Elle se tait, les lèvres pincées, le temps de masser son bras douloureux, puis elle répond, doucement.

 

                     SÉ-WI conciliante

Avec le temps, tu oublieras ta liaison contre nature... Et tu viendras à moi...

 

          SEUNG-CHUL froidement

Jamais ! J’appartiens à mes amours ! Sacha et Sarah. Tu étais ma Dongsaeng... J’ai maintenant du mal à te considérer comme telle.

Jamais je n’aurai d’autre amour qu’eux.

 

Ils se regardent intensément, Sé-Wi les lèvres tremblantes, des larmes dans les yeux, Seung-Chul froid, ferme et fermé.

Soudain, la porte de service claque et des pas résonnent derrière eux. Seung-Chul n’a pas le temps de se tourner, mais voit de la peur se dessiner sur le visage de Sé-Wi.

 

                     VOIX DE FEMME sarcastique, en français, dans son dos

De la part d’un individu qui nous a jetés il y a quatre mois, ça fait plaisir à entendre !

 

          VOIX D’HOMME conciliant

Du calme, Péha. On sait maintenant qu’il ignorait tout.

 

fade in ‘Maze’ (Yongzoo)

Le volume augmente doucement tandis que Le visage de Seung-Chul se décompose.

Il ferme les yeux un instant, comme pour se réveiller d’un long cauchemar.

Il pivote enfin son fauteuil, le cœur battant, les yeux plein de larmes.

 

Les premières paroles renforcent l'intensité de sa découverte.

 

Ils sont là ! Se tenant droits, Sacha souriant avec compassion, Sarah le regard fermé et le ventre proéminent.

Il laisse échapper un hoquet sanglotant.

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