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Avertissement: 
Ce n'est toujours pas la version définitive, mais elle est assez aboutie.

7. EXT. FALAISE DE CHIRONE- JOUR

Sous-titre : QUATRE MOIS PLUS TARD, FRANCE

Lieu : Col du Rousset - Escalade

Sarah grimpe une paroi rocheuse, assurée par le haut. Un drone la filme alors qu’elle est presque à trois quarts de la montée. Mika, son fils, contrôle le drone, tandis que Maguy, sa sœur, regarde depuis le sommet.

Le pied droit de Sarah dérape, elle perd sa prise et se trouve suspendue par une seule main. Elle se ressaisit, prend de nouveaux appuis et soulage son bras.

MIKA (inquiet)

Maman, fais gaffe ! T’es en pleine convalescence !

SARAH (calme et concentrée)

Ouais, je repose un peu le bras et je reprends.

MAGUY
Mika, peux-tu dire à ta mère de prendre son temps et de mieux se concentrer ? Sinon, on risque de ne pas pouvoir faire de parapente.

SARAH
T’inquiètes, Sœurette ! J’arrive dans dix minutes, sans stress. Sortez le casse-croûte !

Le drone est au-dessus de Maguy et filme maintenant le haut de la falaise. Sarah arrive en haut, se redresse, fait un pas, se déséquipe, et lève enfin les yeux vers le groupe. Mika fait tourner le drone au-dessus d’elle, Maguy s’avance pour l’aider. Sarah sourit en la voyant arriver.

Zoom sur son visage... qui perd son sourire en portant son regard derrière sa sœur. Elle baisse la tête pour quitter son baudrier et pose une main discrète sur son cœur qui bat la chamade. Tout en pliant son baudrier, elle chuchote :

SARAH troublée, cœur battant

Chhhut ! Ne t’emballe pas.


 

8. EXT. EN HAUT DE LA FALAISE - JOUR


Il y a un autre homme en retrait, peu bronzé, il porte toujours son baudrier qui lui a servi à assurer Sarah. Torse-nu comme Mika, combinaison roulée à la taille, il est de dos et enroule la corde de rappel dans un grand sac à dos.

Maguy et Sarah s’embrassent. Elle ne s’étaient pas encore vues depuis le SMSC.


SARAH (regardant sa sœur dans les yeux)

Comment s’est passé ton voyage ? Pas trop fatiguant l’avion ?

MAGUY (joyeuse)

L’avion ? Tu parles ! 12 heures de vol jusqu’à Genève ! Et heureusement que Mika est venu nous chercher ! Sinon, on aurait du prendre le car ! Ah la galère ! Et avec le décalage horaire ! J’avoue qu’on est légèrement...

(un clin d’œil)

Reposés !

 

MIKA

Et tu as vu ? On t’a ramené une surprise.


Sarah va prendre la télécommande du drone et commence à regarder les images sur l’écran, sans un mot.

SARAH (ton professionnel)

Bon, les images ne sont pas mauvaise. Je vais pouvoir en récupérer pour la pub de mon site.

MIKA (réprobateur)

Dis ! Tu vas pas la jouer comme ça toute la journée ! On sait très bien que tu n’allais pas bien ces derniers temps ! Et on sait très bien pourquoi ! Alors, fais pas semblant, hein !

SARAH (agacée)

Je ne fais semblant de rien ! Je n’ai rien à dire, c’est tout !

Seung-Chul a rangé la corde dans le sac. Il regarde Sarah l’air malheureux. Les autres sont peinés.

SARAH (regardant méfiante autour d’elle, en français)

Tiens, où est passée la pet... la poupée de porcelaine ?

SEUNG-CHUL (chagrin, en français)

Chucky n’est pas toujours avec moi, tu le sais ! Surtout en ce moment.

SARAH (sarcastique)

Et ton ombre, le malin manager ? Il est où ?

SEUNG-CHUL (désespéré)

Bon ! Allez Sarah ! Tchébal (pitié, s’il te plait) arrête ! Je suis venu pour toi, là !

Sarah finit par poser les yeux sur lui, reste un long moment à l’observer, le visage sévère, sous les regards peinés des autres. Puis, dans un sourire résiliant :

SARAH (petit sourire affectueux)

Okay ! C’est vrai ! Je suis heureuse !

En revanche, elle n’avance pas. Elle rester là, souriante. Seung-Chul est indécis : peut-il la rejoindre ?

Tout à coup, les yeux de Sarah s’agrandissent. Elle a enfin remarqué.


Mais ! Tu parles français ?

MIKA ET MAGUY (à l’unisson)
Ah quand même !

De là où elle est, à cinq mètres de Seung-Chul, Sarah marque un temps d’arrêt, contemplant son buste mince et musclé. Elle plisse les yeux, son sourire malicieux s'élargit :

SARAH (admirative)

Je savais que t’étais bien foutu, mais là, tu frôles le danger. Remets ton t-shirt !

Seung-Chul sourit, soulagé. Il est pardonné.

Puis il réalise ce qu’elle vient de dire. Son sourire devient enjôleur. Il lève les bras au ciel en s’étirant, tournant la tête sur le côté pour qu’elle admire les lignes de son cou.

SARAH (séduite)

Ah, il sait y faire le modèle ! Le bourreau des cœurs !

Elle plisse les yeux, malicieuse.

Si à trois tu n’as pas remis ton T-Shirt, tu iras au lit sans manger ce soir !

Seung-Chul ne bouge pas, il garde son sourire ravageur et prend de nouvelles postures de mannequin sexy. Mais Alors que Seung-Chul continue de poser, un bourdon gigantesque se met à tourner autour de lui. Sarah éclate de rire.

SARAH

Le bourdon a raison ! Patin de jolie fleur !

Puis, revenant au jeu, elle commence à égrainer.

SARAH (menaçant)

Hana...

Seung-Chul récupère son T-Shirt. Le bourdon est toujours là.

Toul...

Il s’avance vers Sarah sourire provoquant aux lèvres. Le T-Shirt en main. Le bourdon le suit. Il s’arrête le temps d’un regard coquin.

SEUNG-CHUL (évoquant un joli souvenir)

Your Boyfriend is so sexyyyyyyy !


Sarah reconnait sa référence. Elle mord sa lèvre inférieure comme pour stopper sa gourmandise naissante. Elle sourit nostalgique.

Sed... (murmure gourmand)

Le bourdon est parti. Seung-Chul tend son T-Shirt à Sarah, la défiant de le lui remettre. Sarah prend le polo, mais au moment de le lui enfiler, elle promène son regard sur la peau nue de Seung-Chul. Puis, après un soupir résigné, elle l’aide à l’enfiler avec volupté.

Puis ils restent à se fixer sans rien dire, ils se dévorent du regard.

Ils finissent par s’enlacer, faisant durer la douceur des retrouvailles... Sous les yeux émus de Mika et Maguy.

SEUNG-CHUL (murmurant doucement dans son oreille, souriant)

Pourtant Mika est torse-nu aussi et tu ne lui dis rien ?!

SARAH (sur un ton résigné, éloignant son visage)

Bah tu sais, les enfants de nos jours, c’est pas très obéissant !

SEUNG-CHUL (surpris)

Ton fils ? Oh ! J’aurais dû m’en douter.

Il se tourne vers Mika et fait une courbette. Il dit en coréen sous-titré.

Enchanté, fils de Sarah.

MIKA (lui rendant sa courbette. en coréen sous-titré aussi)

Enchanté, petit-ami de Sarah.

Revenant à la réalité, il ajoute.

Bon, c’est pas tout ça ! Oh, les amoureux ! Il faut remballer le matériel et le ranger sur les quads si on veut voler maintenant! Vous continuerez ce soir !

Sarah sourit intérieurement, amusée par cette façon coréenne de parler à quelqu’un en utilisant son rôle familial. Elle revoit les parents de Seung-Chul au repas du soir...

Elle se penche vers Seung-Chul, attendrie.

SARAH

Tu parles comme tes parents. C’est touchant.

MIKA (qui s’impatiente)
Allez, allez ! On se bouge !

Organisation des tâches : rangement des cordes, pique-nique, installation des ailes. Aujourd’hui, Mika et Sarah ont pris les biplaces. Seung-Chul volera avec Sarah, tandis que Mika pilotera Maguy. Chacun a sa caméra fixée sur son casque.

MAGUY (en regardant les ailes se préparer, un brin nerveuse)

Sous l'eau, je gère, mais au-dessus... c’est une autre histoire !

SARAH (taquine, tout en ajustant son matériel)

Ne t’inquiète pas, Maguy. C’est comme avec les courants sous-marins, tu n’as qu’à te laisser porter. Mika est un excellent pilote.


 

MIKA (souriant, vérifiant son équipement)

Et puis, tu auras de quoi impres-sionner tes amis plongeurs ! Nos caméras filmeront tout, et j’ai même mis le drone en mode suiveur !

MAGUY (avec un rire nerveux)

Si je crie, il faudra le couper au montage !

SEUNG-CHUL (regardant Sarah, avec un sourire amusé)

Et moi, je vais enfin pouvoir dire aux FKED que je me suis envoyé en l’air avec la meilleure pilote du cinéma français.

SARAH (en riant, avec tendresse)

Flatteur !

(faussement menaçante)

On va s’occuper de toi là-haut, ne t’en fais pas. Prêt à décoller ?

Les deux ailes décollent ensemble, prises immédiatement dans les thermiques, le vent s'engouffrant sous les voiles pour les élever au-dessus des falaises et des montagnes.

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9. EXT. EN VOL AU-DESSUS DES MONTAGNES.

Les deux ailes survolent maintenant la falaise. Sarah voit soudain des vautours s’élever en faisant des cercles un peu plus loin. Elle se penche vers Seung-Chul et murmure : Tu as vu ? ils enroulent un thermique. Elle appuie sur son accélérateur pour arriver sous les oiseaux qu’elle suit dans le thermique.

Les virages serrés leur coupent le souffle. Les radios entre Sarah et Mika grésillent.

MIKA (à la radio)
C’est bon, je t’ai en visuel. Oh quelle technique pour entrer dans les thermiques !

SARAH (riant dans la radio)

Toujours ! Et toi ? Tu fais ton timide, je te montre comment on fait ?

MIKA (souriant)

Je te laisse croire que tu es meilleure, maman. Mais attention, je te rattrape !

Sarah rit en appuyant sur l'accélérateur pour prendre encore plus de vitesse.

SARAH
Même pas en rêve !

SEUNG-CHUL (un peu barbouillé)

Si je puis me permettre, Mika, vas-y plus doucement dans le thermique ! Sinon Maguy n’appréciera pas !

Rires des deux pilotes (Sarah et Mika).

SARAH malicieuse 

C’est vrai que tu ne faisais pas de 360 à l’armée ! Tu te contentais de tomber avec ton aile, quoi !

SEUNG-CHUL sur la défensive

J’étais parachutiste moi ! Pas voltigeur !

Ils sortent de la vrille et volent loin au-dessus de la falaise. Un vautour s’approche de l’aile, curieux. Seung-Chul fait un geste vers lui, comme pour le caresser. L’oiseau s’écarte et fait demi-tour. Le ragard de Seung-Chul est extatique.

SEUNG-CHUL (en adoration)

Je n’ai jamais volé aussi près des oiseaux. C’est... magique.

Sarah lâche une commande pour passer tendrement une main sur sa joue. Il la retient un instant.

DÉBUT DE FLASHBACK – Film en grand-angle

10. EXT. IMAGES DE SÉOUL- DRONE.

Sous-titre : SÉOUL mars 2023


Caméra sur drone : image de la tour Namsan (le drone tourne autour). Voyage de la caméra qui avance dans les rues de Séoul, jusqu’à un immeuble de haut standing. Entre dans l’appartement de Seung-Chul, par la baie vitrée de la terrasse. Visite du salon-cuisine, puis entrée dans la chambre. Dans son lit, nu sous les draps froissés, Seung-Chul gémit et marmonne dans son mauvais sommeil.

SEUNG-CHUL (implorant, en coréen)

Ne t’en va pas !

Non ! Ne t’en va pas !

Des larmes coulent le long de ses joues.

 

FIN DU FLASHBACK

11. EXT. EN VOL AU-DESSUS DE CHAMALOC

MIKA (sur un ton de défi)

Allez les vieux ! On va s’amuser au-dessus du lac !

SARAH (rieuse)

C’est parti mon kiki !

Ils dirigent leurs ailes, bien haut au-dessus de l’eau.

MIKA (la défiant)

T’es prête ?

SARAH (relevant le défi)

Tu vas voir ce qu’elle sait faire, la vieille ! Accroche-toi padawan !

Alors Mika se lance dans des 360 engagés au-dessus du lac, Sarah le rejoint et leurs ailes tourbillonnent, presque en collision. Le paysage défile sous eux à toute vitesse. Les eaux du lac, telles du mercure, reflètent les rayons du soleil dans un éclat mouvant au-dessous d’eux. L'excitation monte, la sensation de liberté est totale.

SARAH (sortant de la vrille)
Alors ? Qui c’est la chef ?

MIKA (vaincu)
C’est toi, Ô mère.

12. EXT. AU SOL.

Les deux pilotes se posent enfin sur la cible du terrain d’atterrissage, le vent jouant dans leurs ailes jusqu’au dernier moment. Ils vérifient leur équipement et plient leurs ailes avec expertise.

Sarah, tout en pliant son aile, tourne la tête vers Seung-Chul, et lui demande, timide.

SARAH
Alors ? C’était comment ? Pareil que tes vols en parachute ?

SEUNG-CHUL (exalté, les yeux brillants)

C’était... J’ai pas de mots ! Voler comme ça... Avec toi... c’est... c’est... c’est PESP !

Sarah éclate de rire en entendant la comparaison inattendue. Elle secoue la tête, amusée. Elle est heureuse qu’il partage son enthousiasme.

SARAH
PESP ? Sérieusement ? T’exagères un peu...

Mika, qui est à quelques mètres de là, se mêle à la conversation avec un sourire.

MIKA
Nan, voler c'est PESP.

Ils finissent de ranger leur matériel avant de se diriger vers la terrasse du café, où l'odeur des bières fraîches et les rires des autres parapentistes les accueillent.

SARAH (rêveuse)

Voler avec toi… C’était vraiment magique... Et miraculeux : je n’imaginais pas que ça pourrait arriver.


 

Elle se tourne vers Seung-Chul, un sourire heureux sur les lèvres. Le vent se calme autour d’eux, laissant place à un silence apaisant.

MIKA (imitant un mafieux, mais avec une pointe de sérieux)

En tout cas, fais gaffe, Seung-Chul. Si tu blesses encore maman, que tu sois malheureux ou pas, je ne t’aiderai plus.

Sarah éclate de rire, tandis que Seung-Chul sourit, un peu nerveux mais attendri par la complicité de Mika.

SARAH impatiente

Allez ! À la bière ! On nous attend !

13. EXT. SUR LE CHEMIN MENANT À LA FALAISE – FIN D’APRÈS-MIDI.

Après la bière, récupération des quads.

Seung-Chul, marchant encore avec une béquille sur ce terrain accidenté, ferme la marche aux côtés de Sarah. Ils se font distancer. Sarah regarde la béquille de Seung-Chul, nostalgique.

SARAH

Je suis impressionnée par tes progrès ! Malgré tout, les jambières me manquent des fois...

Seung-Chul la regarde, attendri. Il passe sa béquille dans son autre main et se rapproche de Sarah. Puis il passe un bras autour de sa taille et serre fort.

SEUNG-CHUL (compatissant)

Allez viens ! Comme au bon vieux temps !

Les autres ont eu le temps d’arriver aux quads laissés au bord de la falaise et reviennent sur les engins. Ils récupèrent les amoureux au passage et les ramènent vers la voiture.

14. EXT. SUR LA ROUTE QUI MÉNE À L’AUBERGE - CRÉPUSCULE

Sarah et Seung-Chul rentrent ensemble à l’auberge. Sur le quad, le vent leur fouette le visage. Seung-Chul ferme les yeux en offrant son visage au vent.


 

DÉBUT DU FLASHBACK – FILM NOIR ET BLANC

15. INT. RÉFECTOIRE DU SMSC – AVANT-DERNIÈRE NUIT

Seung-Chul est avec tous les FKED, sauf Christian et Sé-Wi. L’ambiance est morose. Chacun essaie de le sortir de sa léthargie. Tout à coup, Kev pose bruyamment ses baguettes sur la table, faisant sursauter tout le monde.

KEV (fort, décidé)

Ok ! Elle est partie ! Et ok ! Depuis, même nous, on ressent un vide dans cet espace. Mais bon sang ! On va la revoir dans trois mois, quand on fera la promo du reportage sur le stage. C’est prévu. Alors, ok, on est triste, mais on prépare les retrouvailles !


CÉLINE (pratique, à Seung-Chul)

Cette nuit, j’ai bien relu le contrat que tu m’as donné. Reprends-le (elle lui tend une clé USB). J’y ai ajouté quelques annotations. Ils ont clairement dépassé les limites, surtout en matière de respect de ta vie privée. Tu peux les poursuivre pour ingérence, ou utiliser ça pour négocier un accord. Mais avant de porter plainte, il faudrait envisager une médiation pour éviter que ça ne prenne des proportions trop publiques.

CHANG-WUK
En revanche, je ne comprends pas comment tu as pu laisser les choses aller si loin sur les réseaux sociaux.

SEUNG-CHUL
Je sais maintenant que c’était dangereux... Mais je n’allais jamais sur les réseaux ! Je passais tout mon temps à bosser : entraînements, shootings, pubs, tournages... Le reste du temps, je le passais à m’amuser avec les copains. Je faisais confiance à Min-Ji. C’était son rôle de s’occuper de ça pour moi. Comment aurais-je pu savoir que Sé-Wi se montait un film ridicule et le partageait avec ses fans ? Et que Min-Ji l’encourageait, en plus...

JI-HAN (qui fait défiler les commen-taires sur son mobile)

Je dois dire qu’elle a de l’imagination. Elle a fait un thread sur Twitter : “La vie de Sé-Wi”. Même sans connaître toute l’histoire, c’est complètement délirant, ce qu’elle raconte.

FANNY (dégoutée)

La vie de Sé-Wi ? Pouah ! Quelle blague ! J’ai jamais trop aimé les poupées de porcelaine, mais là... Celle-là, c’est carrément Chucky !

SEUNG-CHUL (agité)

Et maintenant, je fais quoi ? Comment je démens tout ça sans ruiner ma carrière ? Comment je fais pour retrouver Péha ?

FIN DU FLASHBACK

16. EXT. SUR LA ROUTE EN QUAD - CRÉPUSCULE

Sur le trajet, la lumière douce du soir s’étend sur les montagnes. Sarah tourne la tête vers Seung-Chul, un sourire aux lèvres.

SARAH (enjouée, impatiente)

Cette fois, c’est moi qui vais te présenter à mes parents !

SEUNG-CHUL (étonné)
Ils participent aussi à la course ?

SARAH (se retournant pour le regarder un instant.)

Tu es au courant pour la compétition ?

SEUNG-CHUL (avec un sourire amusé)

Oui, je serai même le suiveur de Mika... Ton fils ! Incroyable ! Il a bien caché son jeu quand on a préparé la semaine avec Maguy. Elle aurait pu me le dire ! Il est plus vieux que je ne pensais !

Seung-Chul marque une légère pause, pensif.

SARAH (avec tendresse)

Il a 18 ans. Je l’ai porté, puis rencontré à mes 18 ans.

Vous en avez comploté, des choses, dans mon dos.

SEUNG-CHUL (tendrement)

Je ne voulais pas te perdre !

Un silence complice s’installe avant que Sarah ne reprenne, avec un sourire doux.

SARAH (pour qui l’ambiance est trop romantique)

En ce qui concerne mes parents, ils seront les suiveurs de mon mentor de parapente : Michel. On espère le convaincre de se retrouver le soir pour bivouaquer. Ils veulent pouvoir vous faire voler en bi-place, toi et Maguy.

SEUNG-CHUL

Ils sont parapentistes, eux aussi ?

 

SARAH
C’est eux qui ont créé l’école à Mévouillon. J’en suis maintenant la directrice.

Un bref silence s’installe à nouveau, entrecoupé par le ronronnement du quad. Seung-Chul se détend, absorbé par cette nouvelle facette de la vie de Sarah. Il jette un regard vers elle, admiratif.

SEUNG-CHUL (avec un sourire sincère)

Ils t’ont appris à voler haut. Ils doivent être fiers de toi !

Sarah tourne légèrement la tête vers lui, un sourire éclatant illuminant son visage. Le quad avance, emportant avec lui la promesse d’une nouvelle aventure, celle de la rencontre avec les parents de Sarah.


 

17. INT. SALLE DE RÉCEPTION D'UNE AUBERGE – SOIR.

C’est la veille de la course à laquelle Sarah et Mika participent. Ils sont réunis autour d’une des table du restaurant. Ils terminent les préparatifs.

SARAH

Donc ? Si j’ai bien compris, Seung-Chul et Maguy seront nos suiveurs ?

AGATHA maman de Sarah

Oui, c’est ton fils qui a tout manigancé... Avec notre aide. Qu’est-ce qu’il l’aime sa mère alors !

MIKA (arrivant d’un pas décidé à la table)

J’ai récupéré vos traceurs et les T-Shirts pour tout le monde. Maman, voilà ton traceur. Michel, j’ai aussi le tien.

Il se tourne vers le groupe des anciens : Michel, Agatha et Ali (père de Sarah).

Ça ira, les vieux ?

AGATHA (mère de Sarah)

Eh ! Qui tu traites de vieux, p’tit con ?

ALI (petite caresse sur la main d’Agatha)

Ah ! Toujours le langage aussi fleuri, hein !

MICHEL
En tout cas, c’est ma dernière course ! À soixante-quinze ans, je commence à avoir du mal à rester dans le trio de tête.

SARAH
Tu veux dire le quintette de tête, oui !

Rires des plus jeunes.

Alain D. Un autre participant, cheveux gris, longs, aussi âgé que les « vieux » arrive à leur hauteur avec son suiveur, Olivier (bien plus jeune), dit "Zitoun", un grand blond dégingandé.

ALAIN D. qui a semble-t-il suivi la conversation

En attendant, on marche peut-être moins vite que d’autres, mais on vole plus haut et plus loin !

Seung-Chul a du mal à suivre la conversation. Sarah lui traduit en coréen.

MAGUY
C’est si important que ça de gagner ? Je veux dire, c’est la première course de Mika et Sarah. C’est beau quand même de participer ensemble, mère et fils. C’est la première course de parapente à laquelle Seung-Chul et moi participons, et c’est la dernière pour Michel. Vous n’avez pas envie de faire cette course en équipe, pour le plaisir ?


SARAH

C’est vrai ça ! En tout cas, c’est comme ça que Mika et moi allons voler. Le soir, Seung-Chul et ma petite sœur nous auront préparé le bivouac, et on n’aura plus qu’à profiter de la soirée. Si ça tente quelqu’un... Mika a amené sa guitare et moi, mon harmonica.

(Elle se penche vers Maguy avec un clin d’œil de connivence.)

Merci, dongsaeng.

AGATHA
Moi ça me tenterait bien ! On peut fournir les apéros et les desserts.

ALAIN D. (habituellement solitaire, il sourit.)

Je reconnais bien les deux suiveurs de Michel. Qu’en penses-tu, Zitoun ? Si Michel fait équipe, alors ça me plairait. C'est une nouvelle expérience.

MICHEL
Si les suiveurs se débrouillent pour nous chercher et nous ramener à notre point de chute, alors... ok. Mais je vous préviens, il est hors de question que je perde !

MIKA
Ooooh ! On va te mettre minable, mon vieux !

MICHEL
Prétentieux !

Tout le monde trinque. Bonne humeur, petite musique d’ambiance. À un moment, "Think" d’Aretha Franklin retentit dans le haut-parleur. Agatha augmente le volume de la sono, connaissant bien son mari, qui se met à danser seul, dans son monde.

Seung-Chul admire l’agilité d’Ali. Imprégné de cette ambiance simple, il se penche vers Sarah pour lui glisser :

SEUNG-CHUL souriant, heureux

Il n’y a qu’à Bija-Ri qu’on peut encore voir ce genre de scène. À Séoul, on n’a plus que les karaokés ou les boîtes de nuit assourdissantes.

SARAH perplexe

Tu aimes ?

SEUNG-CHUL mitigé

Disons que ce changement est agréable...

Changeant de ton en la regardant.

Mais, tu n’as pas tenu ta promesse ! Je ne suis pas au lit !

Il s’étire et baille ostensiblement. Puis il passe un bras autour des épaules de Sarah. Elle s’écarte en le chatouillant.

SARAH taquine

Not time, sweetheart. Finalement, ceci est une plus grande punition : apprends la patience ! Goûte le moment présent, goûte ton envie...

SEUNG-CHUL sourire résigné

C’est pour ça que je t’aime. Sarah N’Gué !

La musique continue. Sur ces paroles, Mika invite Sarah pour un rock, Agatha invite Seung-Chul pour un semblant de twist, et Alain D. invite Maguy pour des passes de rock très lentes. Michel et Zitoun regardent en sirotant leur bière. La soirée se transforme en bal... Ou presque.

Agatha change la musique pour un morceau d’Otis Redding. Sarah saisit Seung-Chul avec enthousiasme, et ils entament une chorégraphie du film K-Dirty Dancing, avec quelques faux pas dus au handicap de Seung-Chul. Mika danse avec sa tante Maguy.

Le morceau achevé, Zitoun choisit un slow (Gary Moore : Got the Blues for You) et va inviter Sarah. Seung-Chul, nerveux, veut se lever pour la récupérer, mais Mika le retient.

MIKA dans un avertissement

Attends un peu s’il te plaît, je t’assure, ça vaut mieux.

Sur la piste, Zitoun guide lentement, langoureusement Sarah. Lentement, ses bras pressent Sarah progressivement plus contre lui. Sarah se cambre pour garder une distance correcte sans être impolie. Zitoun tente de l’embrasser, mais Sarah esquive poliment.

 

ZITOUN contre son oreille, déçu.

J’espérais avoir droit à une deuxième nuit...

Levant les yeux vers Seung-Chul.

Il semble que j’ai déjà un remplaçant. T’es vraiment une femme à hommes, dis-donc.

SARAH surprise et vexée.

Alors, d’abord, qu’est-ce que ça pourrait faire si c’était le cas ? Quand un homme fait ça, personne n’en fait toute une histoire ! Ensuite, on s’était mis d’accord pour une nuit ! Et enfin, lui, c’est mon amoureux.

Zitoun se colle un peu plus à Sarah, son regard défiant celui de Seung-Chul, qui, visiblement contrarié, fixe la scène. À chaque mouvement de Zitoun, son malaise grandit. Ses mâchoires se crispent quand Zitoun tente de l’embrasser.

Il commence à se lever avant de se raviser, prenant une grande inspiration pour garder son calme. Il glisse une main dans sa poche et joue nerveusement avec le coffret qu’il garde précieusement depuis plusieurs jours.

ZITOUN (souriant)

Et il est au courant pour la nuit dernière ? Eh ben dis donc !

SARAH (s’écartant de lui et mettant fin à la danse)

Ben s’il ne l’était pas, maintenant, il l’est. Mais c’est égal. Pour toi, c’est une nuit.

Sarah l’entraîne vers le comptoir et lui offre un verre.

Elle s’assoit entre Seung-Chul et Zitoun, pour éviter tout débordement.

SARAH (à Zitoun)

Ma Star et moi, c’est une longue histoire... Enfin, pas si longue que ça ! On s’est rencontrés, on s’est aimés; on s’est séparés...

SEUNG-CHUL se penchant vers eux, satisfait.

Et aujourd’hui, on est en couple !

Il laisse passer quelques battements de cœur en fouillant dans sa poche. Il hésite, conscient que son geste pourrait être mal interprété.

SEUNG-CHUL rougissant

C’est peut-être pas le bon moment, mais... Sarah... j’ai quelque chose pour toi.

Ça y est, c’est dit. Les regards se tournent vers lui. D’un geste mesuré, il tend le petit coffret à Sarah médusée.

SEUNG-CHUL s’expliquant

Ne te méprends pas !

SARAH suspicieuse
Je te préviens, si c’est un diamant, je te le jette à la figure ! J’ai horreur de cette coutume à la con !

SEUNG-CHUL levant les yeux au ciel

Et voilà ! J’en étais sûr !

Il s’énerve en coréen.

Yah ! Je ne suis pas à genoux, là ! C’est un cadeau de Gkaïana pour "la personne qui vit" (SAR-HA). Donc, c’est pour toi. Et ça ne vient pas de moi.

Tournant la tête pour ne pas être entendu :

Je sais même pas ce que c’est !

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Sarah tourne le coffret dans tous les sens, cherchant à percer son mystère. Elle pousse une petite aspérité du bout de l'ongle. La boîte s'ouvre avec un léger clic, révélant trois anneaux d’argent gravés de trois festons imbriqués, formant un motif délicat de trois S en coréen.

Intriguée, Sarah en saisit un et le fait lentement tourner entre ses doigts. À l’intérieur, un symbole celtique apparaît : un triskèle finement gravé.

SARAH
Trois S, en celte et en coréen... C’est pas banal !

MIKA (pratique)

Ben, faudra juste que le prénom de votre enfant commence par un S.

(Des rires éclatent autour d’eux.)

SARAH amusée

Fiston, t’es un p’tit con!

Seung-Chul, tout sourire, se penche vers Mika et chuchote :

SEUNG-CHUL confessant à Mika
Pourtant, c’est une bonne idée !

SARAH murmurant pour elle-même 

Trois S... Seung-Chul... Sarah... et puis...

Sarah examine les anneaux avec tendresse.

Ç’aurait pu être Sacha…

Elle saisit le plus petit et le glisse à son auriculaire. Elle regarde son amoureux émue.

Elle fixe son regard sur Seung-Chul, souriante.

SARAH les yeux brillants de larmes.

J’accepte le cadeau. Je prends le mien. Enfile le tien, s’il te plaît.

Seung-Chul, sans un mot, s'exécute avec un sourire complice. Après avoir passé l’anneau à son doigt, il regarde le dernier restant.

SEUNG-CHUL la regarde avec amour.
Je garde le dernier...

Il passe l’anneau au même doigt que Sarah, levant la main pour sceller leur geste.

SEUNG-CHUL
... jusqu’à ce qu’on lui trouve une utilité.



 18. EXT. DÉPART DE LA COURSE – LENDEMAIN MATIN

Lendemain pluvieux, boueux. Préparatifs des suiveurs. Au départ, une centaine de concurrents s’échauffent derrière l’arche gonflable orange de la ligne de départ. Sarah, Mika, Michel et Alain D. se tiennent côte à côte. Ils ont décidé de privilégier l’amitié, même si cela signifie négliger la performance.

Il pleut à verse quand le départ est lancé. Presque tous les participants ont un poncho de pluie. Il ne faut pas plus d’une demi-heure pour que des groupes de niveau de marche se forment. Sarah est déjà trempée, mais elle rit.


 

19. CLIP VIDÉO DE LA COURSE

Clip vidéo sur la musique de « Ensemble » (Goldman)

Marche rapide des concurrents.

19a. Les compétiteurs

Michel, Alain D., Sarah et Mika s’arrêtent à midi sous la pluie, assis sous un arbre au bord du chemin, pour manger leurs sandwichs.

fade out music
 

MICHEL pince sans-rire

On a connu mieux pour un pique-nique, mais au moins, y’a pas de guêpes !
 

Les autres rient, et Michel sort une flasque d’alcool pour la tendre à Alain D.
 

MICHEL
Une gorgée pour se réchauffer ?

ALAIN D. (sérieux mais avec un clin d’œil)

Seulement si ça aide à voler plus loin !

MIKA râlant

Et nous alors ?

ALAIN D. (souriant)

Trop jeunes !

Et d’un geste amusé, il lui passe la flasque.

Ils observent la météo, l’aérologie, et la topographie du chemin sur la tablette de Sarah. Michel propose des options, pointant différentes routes avec enthousiasme.

fade in music

19b. Les suiveurs

Un petit convoi composé d’un combi gris, un 4x4 bleu et un SUV rouge bringuebale dans des chemins défoncés et boueux, sous la pluie.

Par le pare-brise du camion, on voit Ali et Seung-Chul concentrés sur ce chemin accidenté, ils se sourient souvent. Quand ils sortent d’une ornière, ils se tapent dans les mains en un high five.


 

19c. Les compétiteurs

Départ après le pique-nique sur un "ok" général.

Montée vers un sommet sous la pluie qui commence à se calmer, toujours en marche rapide.

Alain D. s’arrête, soulève la capuche de son poncho, respire un grand coup. Il dit quelque chose qu’on n’entend pas à cause de la musique, et les autres ôtent leur capuche avec des expressions soulagées.

Quand ils arrivent au sommet, la pluie a cessé et un bon vent souffle dans la bonne direction.

Ils déplient les ailes quand le ciel se dégage.

19d. Les suiveurs

Il a cessé de pleuvoir. À travers le pare-brise du 4x4 bleu, Agatha, au volant, chante accompagnée de Maguy devant et Mika derrière. On n’entend rien mais on voit qu’ils sont heureux de chanter ensemble.

19e. Les compétiteurs

Peu de concurrents ont choisi de décoller par cette météo très incertaine.

Fade out music.
 

MIKA ennuyé.

Mais elles sont humides !

ALAIN D.

On les étalera ce soir pour qu’elles sèchent...

Fade in music.

Ils ont beaucoup d’espace pour décoller deux par deux. Michel décolle en même temps que Mika, Alain d. et Sarah ensemble. Les plus âgés guident les plus jeunes pour un vol optimal.


Fade out musique.
 

MICHEL off à la radio

Et voilà ! Je vous avais dit que ça se dégagerait ! Faites confiance aux vieux, non d’un chien !

MIKA bon joueur

Bon, c’est vrai, des fois, ça sert de traîner avec les vieux.

ALAIN D. taquin

Je ne voudrais pas dire, mais les vieux, ils vous ont mis quelques mètres dans la vue à la montée.

SARAH (conciliante)

Allez, Mika ! Dis oui qu’on en finisse. Sinon, Darth-Vador va s’énerver...

Dans son casque noir, Alain D. imite la respiration sifflée de Darth-Vador.

Fade in musique.

19f. Les suiveurs

Le convoi ralentit l’allure : ils arrivent dans un terrain dégagé, propice à l’atterrissage et au bivouac. Zitoun sort du 4x4 rouge pour se dégourdir les jambes.

Il regarde autour de lui, et commence à sortir des affaires du coffre tandis que les autres descendent.


 

19g. Les compétiteurs

Il est 20h50.

Les suiveurs regardent le ciel et font de grands signes. Les compétiteurs se préparent à atterrir.

Ils arrivent tour à tour et se posent tout près des voitures.

Fade out music.

Sarah et Mika atterrissent dans un bel ensemble, entrainant une remarque de Michel.
 

 

MICHEL avec humour

Faut toujours qu’ils fassent les cacous ces jeunes !

ALAIN D. Ricanant

N’empêche qu’on est plus rapides ! C’est des petits joueurs et puis c’est tout !
 

 

19h. EXT. BIVOUAC - SOIR.

Le ciel recommence à s’assombrir, une pluie fine martèle doucement les tarps, créant un rythme apaisant. Le bivouac est installé, un petit havre improvisé au milieu de la nature boueuse. Un petit combi gris, un 4x4 bleu et un SUV rouge forment un cercle autour d’un espace de vie rudimentaire. L’air est humide, mais l’ambiance est chaleureuse.

Nos concurrents, Michel, Alain D., Sarah et Mika arrivent aux voitures, Le sac sur le dos, trempés et fatigués, leurs pas rythmés par la boue collante du terrain. Ils arrivent juste avant le couvre-feu. Agathe, toujours alerte, les accueille avec un grand sourire et des bières fraîches à la main, comme si elle lisait dans leurs pensées.


AGATHA

Tiens, vous l’avez bien méritée !

Autour d’eux, le bivouac respire la simplicité : des chaises pliantes et une table sous un tarp, où des éclats de rires s’échappent faiblement malgré la fatigue. Sous l’autre bâche, des matelas et des sacs de couchage attendent, promettant un repos bien mérité.

L’ambiance est à la détente. L’apéro est déjà prêt, et le repas attend patiemment sur la table. Les visages sont rougis par le froid, les corps douloureux, mais les sourires sont là. On entend le bruit régulier des gouttes de pluie frappant les toiles tendues, un léger frisson parcourt l’air humide.

La voix grave de Michel rompt le silence :

MICHEL
Alors, prêts pour demain ?

ALAIN D. pensif

Ouaip ! Ça va être chaud ! Faudra faire gaffe ! Le terrain était mouillé et les ailes sont lourdes d’humidité ! Va falloir trouver des thermique !

SARAH confiante

Bah ! Avec votre expérience, vous n’aurez pas de mal à nous dégoter les bons courants ! On vous fait confiance !

Un sourire fatigué passe de visage en visage, accompagné de quelques hochements de tête. Un rapide briefing s’ensuit autour de la table, chacun partageant ses observations sur la journée. Les paroles sont courtes, dictées par la fatigue.

On peut sentir l’envie d'en finir vite pour se réfugier dans la chaleur des sacs de couchage.

La pluie continue de tomber, régulière, pendant que les rires s’éteignent doucement.

Mika regarde le ciel avec inquiétude. Le remarquant, Alain le rassure :

ALAIN D.

T’inquiète mon grand. Mes rhumatismes me le disent : la pluie va s’arrêter et nous aurons un soleil radieux dès demain matin.

SARAH joueuse

On parie ?

La nuit s’installe, calme, seulement brisée par le frôlement des toiles et le souffle du vent léger. La soirée s’achève dans un dernier soupir collectif, alors que chacun se dirige vers son abri pour la nuit, enveloppé dans une couverture de fatigue et de satisfaction. Les averses se calment au cours de la nuit.

Cependant, certains ne sont pas prêts à quitter cette ambiance chaleureuse. Sous le tarp, on entend s’élever des sons de guitare et d’harmonica. Des chants et des rires accueillent la nuit.

Extinction des feux. Sarah et son équipe sont bien au chaud sous le tarp. Les "vieux" ont regagné leur véhicule respectif pour y passer une nuit confortable.


 

20. EXT. LE BIVOUAC. LENDEMAIN – 7H00

Petit déjeuner préparé par les suiveurs, départ des concurrents à 7h30 pour une heure de marche, suivie d’un vol.

Après le départ, les suiveurs rangent le camp.

21. EXT. UN TERRAIN DE DÉCOLLAGE. APRÈS-MIDI


Deux voiles sont au sol, côte à côte, prêtes à décoller.

Ali et Agatha sont respectivement derrière Maguy et Seung-Chul, leurs passagers.

Ils décollent dans un ensemble impeccable.


 

22. EXT. AGATHA ET SEUNG-CHUL EN VOL.


SEUNG-CHUL admiratif

On voit que vous faites ça souvent ! Quelle maîtrise tous les deux !

AGATHA riant

Oui, on nous le dit souvent. On nous traite aussi souvent de vieux couple !

Ali off à la radio

C’est des jaloux !

AGATHA

Un jour, Sarah et toi, vous volerez pareil.


Seung-Chul ne répond pas immédiatement. Il se cale dans sa sellette, laissant les mots d'Agatha flotter dans l'air autour de lui. L’idée de voler avec Sarah fait battre son cœur plus vite. C’était plus qu’une simple suggestion, c’était une vision du futur.

SEUNG-CHUL rêveur

Ce serait merveilleux ! Je suis parachutiste... Je devrais pouvoir apprendre un jour à voler avec elle dans la même communion que vous-deux.

MAGUY malicieuse

Tu n’aurais pas pu mieux dire, beau-frère. Tu viens de les rendre heureux. Tu les as mis dans ta poche !

SEUNG-CHUL se récriant !

Mais je le pensais ! C’était pas une flatterie !

ALI riant

Quand bien même ! On est dans ta poche !


 

23. EXT. BIVOUAC - DEUXIÈME SOIR

Ce soir, pas de tarp : le beau temps est revenu. L’accueil est aussi chaleureux que la veille.

Pendant le repas, Zitoun fait une allusion à sa nuit avec Sarah.

 

ZITOUN
T’as l’air fatiguée, Sarah. C’est la course ou la nuit qu’on a passée ensemble qui t’a achevée ?

 

SARAH (sans relever l’attaque)

Ni l’un ni l’autre. C’est plutôt que je suis sur un petit nuage. Je suis arrivée célibataire, et me voilà en couple... Ça fait bizarre.


SEUNG-CHUL (portant la main de Sarah à ses lèvres)

Sarah N'Gué, Sarang-hé.

Puis, s’adressant à Zitoun en français :

SEUNG-CHUL
Mais toi, décidément, je ne t’aime pas du tout !

À Sarah, en français, sur un ton assez impoli.

Les hommes français sont tous comme ça ? Ils se vantent de leurs conquêtes ? C’est une façon de montrer leur virilité ?

ZITOUN sur le même ton

Tous les Coréens sont-ils aussi tolérants envers les frasques de leur fiancée ? Ou tu es simplement un lâche ? Ça ne te fait rien que j’aie couché avec ta compagne ?

Sarah se lève. Tout le monde est inquiet. Mais c’est simplement pour s'asseoir sur les genoux de Seung-Chul.

SARAH
Arrête ce combat de coqs. Tu es pathétique. Ma star sait très bien que j’étais libre avant-hier.

(Elle regarde Seung-Chul dans les yeux.)

Mika m’avait pourtant dit de ne pas céder à Zitoun, car j’allais le regretter. Ils voulaient me faire la surprise de ta venue... Ben, fallait pas. J’ai horreur des secrets !

Regardant maintenant Zitoun dans les yeux.

Mais je ne regrette rien, parce que je n’ai rien fait de mal.

SEUNG-CHUL
Je sais. Ce n’est pas agréable d’entendre cette histoire, mais c’est un fait. Si on pouvait ne plus en reparler...

Zitoun regarde fixement Sarah, perplexe. Il ne sait comment réagir. Il hésite puis sort son portable de sa poche et commence à faire des recherches. Il se permet juste une réflexion :

ZITOUN (ton qui se veut humoristique)

Okkay !

Il sort des écouteurs de sa poche, les ajuste à ses oreilles et va s’installer dans la voiture.

Sarah entraîne Seung-Chul sous le tarp, près de Michel et Alain D. Elle l’assoit en tailleur, avant de s’allonger à ses côtés, la tête sur ses genoux. Pendant que les autres débarrassent et font la vaisselle, elle joue de l’harmonica. Mika se joint à elle avec sa guitare.

SEUNG-CHUL (les yeux fermés)

Quelle soirée tranquille. Il n’y a aucun bruit, à part la musique. C’est... si paisible !

ALAIN D.

Tu regrettes ta mégapole ?

SEUNG-CHUL
Bizarrement non. Ça me rappelle un peu Bija-Ri, quand j’étais enfant. Sauf qu’ici, c’est la montagne. Je goûte ce nouveau plaisir. Je n’aurais jamais cru vivre ça un jour.

 

 

MICHEL

Je connais la petite Sarah depuis ses 13 ans. Et je dois dire que sa capacité à nous faire voir au-delà de nos horizons m’a toujours émerveillé.

SARAH À Seung-Chul
Tu valides cette soirée?

Pour toute réponse, il se penche pour l'embrasser, puis la serre contre lui. Quelques instants plus tard, alors qu’ils commencent à chahuter, Mika entonne « ensemble ». Sarah se joint à lui, et ils l’interprètent en canon. La voix de Maguy s’ajoute à la leur. À la fin du chant, Alain D. Sort un flutiau de son sac et les accompagne. Les autres écoutent, subjugués. L'ambiance est chaleureuse et détendue, un moment de communion simple et de partage.

La chanson se termine sur l’extinction des feux, le couchage, et la nuit dans les bras l’un de l’autre, sous le tarp.

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24. EXT. DANS LE GRAND DUVET, SOUS LE TARP - NUIT

La conversation murmurée qui suit est en coréen sous-titré.

 

SARAH inquiète

Tu ne peux pas m’en vouloir de la nuit que j’ai passée avec Zitoun. Nous étions censés ne plus jamais nous revoir. J’étais célibataire. Libre.

SEUNG-CHUL hésitant un instant.

Je sais. Et je n’ai rien dit. Mais honnêtement, la jalousie me torture encore depuis qu’il en a parlé.

(Silence)

Pourtant, je n’ai pas de leçon à donner. Pour être totalement honnête, je dois te dire...

À la fin de l’avant-dernière soirée du stage, j’ai demandé à Lara l’autorisation de passer la nuit à la piscine.

FLASHBACK
25. AVANT-DERNIÈRE NUIT – PISCINE DU SMSC
 

Seung-Chul entre dans la piscine, et se déhanche pour installer le matériel comme la première nuit.

SEUNG-CHUL voix off

Elle a tout de suite compris la raison de ma demande, et par compassion, elle m’a donné les clés de l’entrée par les vestiaires. En me déhanchant, j’ai installé les tapis pour faire le même radeau qu’avec toi.

Il se glisse dans l’eau, fait quelques évolutions dans la cage à écureuil. Il s’assoit sur les marches du bassin, visiblement triste. Il pleure même en silence.

Il porte à ses lèvres la bouteille de vodka que Léon lui a offerte pour sa prouesse au combat de sabres avec Sarah.

Puis, épuisé, il s’allonge sur le matelas flottant. Il alterne entre larmes, vodka et somnolence...

SEUNG-CHUL voix off

J’ai fini par tomber enfin dans un sommeil alcoolisé, sans rêve.
Ah si, j’ai rêvé !

 

Sé-Wi entre dans la piscine silencieuse, avise Seung-Chul sur son matelas et un sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres. Elle se déshabille en silence. Elle se love contre lui, lui caressant les épaules, les cheveux. Elle l’embrasse. Il se laisse faire et prolonge le baiser, avide. Pendant ce temps, on entend la voix off.

J’ai rêvé que Se-Wi était allongée près de moi, nue, qu’elle me caressait les épaules, les cheveux. J’ai même rêvé qu’on s’embrassait. Elle était devenue noire et je l’appelais Sarah, Sarah, doucement, encore et encore. Ce rêve devenait absurde et dérangeant. Mais je me suis bel et bien réveillé dans les bras de Se-Wi.

C’est absurde, mais j’ai eu l’impression de t’avoir trahie !

26. INT .AU BORD DU BASSIN – LE MATIN

Seung-Chul et Sé-Wi sont étendus l’un contre l’autre. Le soleil se lève déjà.

Seung-Chul ouvre un œil aviné et voit la tête de Sé-Wi tout contre lui.

Il sursaute et se recule en se levant maladroitement. Réveillée, Sé-Wi se soulève, nue. Elle lui sourit amoureusement.

SEUNG-CHUL voix off

Difficile d’oublier ce mauvais souvenir... C’est nul !

Alors, je n’ai vraiment pas le droit de te dire quoi que ce soit.

FIN DU FLASHBACK
 

26. RETOUR DANS LE DUVET SOUS LE TARP


SARAH fronçant les sourcils

Oh, je suis au courant pour votre nuit ! Tu m’as envoyé une photo de vous deux en train de vous bécoter cette nuit-là. J’ai eu tellement mal que j’ai bloqué ton numéro de téléphone.

Seung-Chul se redresse et s’écrie suffisamment fort pour troubler le sommeil de ses voisins.

SEUNG-CHUL se redressant et parlant fort

Ça, ce n’était pas moi ! Je le jure !

Cette exclamation réveille Mika qui leur lance une chaussure.
 

MIKA d’une voix ensommeillée

Silence, les vieux !

MAGUY maugréant en se tournant

Incorrigibles ! INCORRIGIBLES !

Le silence retombe.

SARAH rassurante

Maintenant, je le sais : comme j’avais bloqué ton numéro et que je ne répondais à aucun de tes messages, nos camarades FKED m’ont submergée de textos, m’expliquant tout ce que tu avais fait pour rétablir la vérité. Ils ont vraiment plaidé ta cause, tu sais. J’ai fini par douter de ma décision.

Ils retombent dans le silence, chacun dans ses pensées.

SEUNG-CHUL pensif

J’ai failli te perdre à cause d’une photo.
 

SARAH exclamation murmurée

Mais quelle photo ! Ne m’y fais pas repenser ou je te quitte !

Seung-Chul la serre vivement contre lui. Sa respiration se fait plus rapide. Il se tait, le temps de chasser la peur qui l’a envahi. Puis, tout contre son oreille, il murmure :
 

 

SEUNG-CHUL

Trois jours ! Il n’a fallu que trois jours pour que tu t’installes dans ma tête, dans mon cœur et dans mes tripes.

Trois jours !

Et quand je ne te vois pas, quand tu n’es pas avec moi, je ne respire plus ! Je suis perdu !

Alors, ne me quitte plus ! N’y pense plus ! Il n’y a que toi et moi. Aussi longtemps que nous le souhaiterons.

L’expression de Sarah se fait plus sérieuse. On y lit de l’amour, mais aussi de la peur. Comme Seung-Chul un peu plus tôt.

SARAH

Idem… Et ça me terrifie.

Et si un jour ton métier t’éloigne de moi ? Si tu décides que c’est trop compliqué ?

Je dois vraiment risquer de tout perdre pour nous ?

Parce que si je te perds, je perds tout… le goût de vivre, de ressentir.

Ils se regardent pendant un moment, n’osant pas fermer les yeux.

 

SEUNG-CHUL encore inquiet

 

Donc, on doit prendre le risque de se faire confiance. C’est effarant.

C’est comme un pari. On gagne ou on perd tout !

SARAH après une grande inspiration

Un auteur français a écrit quelque chose d’unique et vrai. Dans ma famille, c’est devenu un mantra. Écoute :

“On est souvent trahi en amour, souvent blessé, souvent malheureux...

Mais on aime. Et quand on est au bord de sa tombe et qu’on se retourne pour regarder en arrière...”

MIKA l’interrompant dans un murmure.

“... On se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois...”

MAGUY elle aussi éveillée

“Mais j’ai aimé !”

SARAH, MIKA ET MAGUY plus fort, à l’unisson.

“C’est moi qui ai vécu, non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.”

Le silence retombe, Mika et Maguy échangent un regard complice, se tapent dans la main discrètement, puis se retournent, satisfaits d’avoir aidé.
 

Seung-Chul et Sarah se regardent en souriant maintenant.


 

SEUNG-CHUL après une grande inspiration.

Ok ! Alors, On aime, on vit ? “Sarang’hé, sar-ha ?”
 

L’intensité de leurs peurs disparait peu à peu. Sarah retrouve son sourire confiant, rassurant.

SARAH plaisantant

Il va bien falloir fermer les yeux si on veut dormir.


SEUNG-CHUL souriant tendrement

Je sais... Mais j’ai tellement peur que tu disparaisses pendant la nuit.

SARAH souriant amoureusement

Moi aussi.

Mais malgré la fatigue, elle ne peut s’empêcher d’ajouter malicieusement :

Tu imagines : et si tu retrouvais ta poupée de porcelaine au réveil ?
 

Il s’écarte d’elle et commence à la chatouiller gentiment en guise de reproche.

Les petits cris de souris qu’ils font perturbent le sommeil de Mika et Maguy qui se tournent nerveusement.

Le bruit des rires s’estompe progressivement, remplacé par les sons doux de la nuit : le chant des grillons et le souffle léger du vent.


 

27. EXT. PRÉ - PETIT MATIN.

Sous les premières lueurs de l’aube, Alain D. guide Sarah, Agatha, et Seung-Chul dans une séance de Taï-chi. Les mouvements lents et maîtrisés contrastent avec la fraîcheur de la matinée.

Seung-Chul, en difficulté, essaie d'imiter les katas, mais ses gestes manquent de fluidité.


SEUNG-CHUL (murmurant à Sarah)

Tu m’as invité à votre séance exprès pour me faire sentir maladroit, avoue...

Il se penche vers Sarah et commence à la chatouiller doucement. Elle rit, essayant de se contenir.

SARAH (riant doucement)

Arrête, on va se faire repérer !

Alain D., remarquant la scène, se redresse, un sourire en coin.

ALAIN D.

Eh ben, Seung-Chul, on dirait que tu as inventé un nouveau kata. Celui de la "grande libellule chatouilleuse" ! Comme ça, regarde.

Alain imite exagérément les gestes maladroits de Seung-Chul, provoquant un éclat de rire général.


SEUNG-CHUL (souriant)

Je fais de mon mieux, mais c'est pas gagné.

Le rire s'apaise, laissant place aux cris matinaux des oiseaux et au souffle léger du vent dans les arbres alentours.


 

28. EXT. SOUS LE TARP – PLUS TARD.

Les oiseaux chantent doucement, accueillant le soleil. Même petit déjeuner que la veille. Même rituel.

SARAH regardant les visages fatigués autour d’elle

Oulah ! Petites mines, petite nuit !

SEUNG-CHUL choqué

Ah non ! Ne me rappelle pas le bellâtre ! Sinon, je te parle de Chucky !

ALAIN D. étonné

De quoi ils parlent ?

MAGUY d’un air détaché

T’inquiète : c’est entre eux.

SARAH à Alain, malicieuse

Il me parle d’un ex... Alors, je lui parle de son ex...

SEUNG-CHUL s’écriant rageur.

C’est pas mon ex !

Tout le monde se tourne vers lui, rieur.

TOUS, SAUF SARAH riant

On s’en fout !

Les rires s’évanouissent peu à peu, remplacés par des bruits de pas rapides et d’encouragements.

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