


Les aventures
de Sacavie
Épisode 3
Sacavie et Brindille
(fiches de jeu sous le texte)
L’école de Selma est nichée au cœur d’un petit village, entre les champs de maïs et la montagne.
L’école, pour Selma, c’est sa “troisième vie” :
pas celle chez maman,
pas celle chez papa,
mais une vie à elle, pour elle
une vie où elle seule décide de ce qu’elle pense.
et toujours avec Sacavie, fidèle compagnon… Et confident.
Dans cette petite école, il n’y a que deux classes, une trentaine d’élèves tout au plus.
Selma et Brindille sont les deux seules CM1 de leur classe de douze élèves.
C’est amusant de les voir jouer ensemble :
la grande et athlétique Selma, souvent en robe ou vêtue de vert,
et Brindille, toute fine, toujours en pantalon et t-shirt noir, qui saute, grimpe, cabriole dans la cour. Elle est légère, si légère qu’elle pourrait marcher sur les nuages.
Dans la cour, elle se faufile entre les jambes des plus grands, grimpe plus haut que les autres sur les arbres, se glisse là où les autres ne passent pas… Et se fait souvent gronder… Car tout ça, à l’école... C’est interdit. Trop dangereux. /
Sur les marches de l’école, un peu en retrait, Sacavie attend sagement l’heure de la sonnerie. Les yeux peints sur son rabat semblent sourire, heureux du spectacle.
Comme Selma, Brindille ne supporte pas l’injustice. Elle la sent tout de suite, dans l’air, dans le ton des adultes, dans les règles bancales et les silences gênés.
Et quand elle la repère, elle parle.
Trop, selon certains.
Juste assez, selon elle,
selon Selma,
selon Sacavie.
Elle pose souvent les questions qu’il ne faut pas. Celles qui coincent. Celles qui révèlent les contradictions des grands.
Elle a cette manière directe de dire :
« Pourquoi tu dis de pas faire ci ou ça? Tu le fais bien, toi?»
Alors forcément, elle dérange, elle exaspère... Surtout les adultes.
Mais elle s’en fiche.
Elle ne va pas se faire encore plus petite pour leur plaire.
Elle n’a pas été taillée pour ça.
Parmi leurs camarades, il y a Claire, bien sûr…
Vous la connaissez.
Mais si, souvenez-vous : La Crevette.
Celle qui décode les messages de la mamie de Selma.
Et puis il y a Aimable.
Aimable est redoublant, en CM2.
Il a presque douze ans.
Grand, costaud, un peu ours.
Il ne connaît pas la loi du plus fort — non.
Aimable ne connaît que sa loi.
Est-ce cela être méchant ?
Non, bien sûr.
Mais ce n’est pas non plus être gentil, hein.
Les enfants savent bien qu’il ne faut jamais se retrouver seul face à lui.
Surtout dans les coins oubliés de la cour.
Une gentille dame s’occupe de lui en classe.
Une adulte pour lui tout seul, le matin, ou l’après-midi. C’est son AVS.
Mais même quand elle est là, il fait ce qu’il veut en récréation.
Ne demandez pas où sont les maîtresses.
Vous risqueriez d’être offusqués.
Sachez seulement que quelquefois, les adultes sont si fatigués qu’on ne les voit plus…
Ils se cachent un peu… Juste un peu.
Pour souffler, entendre autre chose que des cris d’enfants…
Comme on tire un rideau pour oublier la pluie.
Tout le monde le dit: s’occuper des enfants, c’est fatiguant, stressant, usant.
D’ailleurs, n’avez-vous jamais entendu vos parents dire pendant les vacances : « vivement la rentrée qu’on se repose enfin. »
Mais revenons à nos amies.
Sacavie voit avec bonheur Selma et Brindille vite devenir inséparables.
Selma va souvent chez Brindille après l’école.
Elles dessinent toutes les deux, grimpent aux arbres, jouent avec les chats.
Elles sont loin, alors, des tourments d’Aimable.
Mais un jour, à l’heure du goûter, un des chats — affolé par on ne sait quelle histoire féline — bondit sur la table et renverse le bol de chocolat chaud de Selma... sur Sacavie.
Sacavie ! Son cartable adoré.
Selma se précipite, affolée, et dans sa hâte, renverse aussi sa tartine de Nutella… Juste sur le devant du sac.
Le pauvre Sacavie semble avoir un œil au beurre noir.
La maman de Brindille est embarrassée, elle connait l’attachement de Selma pour son cartable.
Alors, elle insiste pour laver Sacavie.
Et en attendant, elle lui prête un autre cartable, magnifique ! un arc-en-ciel de tissus.
-C’est moi qui l’ai fait pour Brindille, mais elle n’aime pas les couleurs, elle préfère le noir, dit-elle en souriant. Donc, celui-ci est pour toi quelques temps.
Selma accepte cet échange temporaire, et malgré son admiration pour le beau cartable elle a le cœur un peu triste,.
Elle dit au revoir à Sacavie, gentiment.
-Ne t’inquiète pas, Brindille et sa maman sont super gentilles, tu es en de bonnes mains. On se revoit très bientôt.
Sacavie, lui, se sent abandonné.
Et comme il déteste les bains, il regarde la couturière et sa fille d’un œil noir.
Il est obligé d’attendre la rentrée pour retrouver Selma.
Mais heureusement, il ne s’ennuie pas.
Comme la maman de Brindille donne des cours de couture le soir, Sacavie est souvent réquisitionné pour transporter des tissus, des bobines, des aiguilles, des morceaux d’étoffes brillantes.
Il est toujours plein à ras bord.
Et ça, ça lui plait bien: c'est moins dur, plus moelleux que les livres et les cahiers. Un peu comme les vacances à la plage avec Selma. Et aussi, parfois, il sert à échanger les livres à la bibliothèque. Et là, il bombe un peu son ventre…
Il est si fier de montrer sa résistance au poids du savoir. Il a hâte de raconter tout ça à Selma.
Quand les vacances se terminent, il la retrouve avec joie.
Il a même gardé dans sa poche secrète des morceaux de tissus brillants.
Selma les découvre avec bonheur. Elle les garde précieusement, pour habiller ses peluches.
Ah ! Selma et ses peluches !
Elles sont si nombreuses, ses peluches ! Elle est même obligée de découper les morceaux de tissu, pour les partager équitablement entre toutes.
Elles sont si nombreuses que le soir, dans son grand lit double, elle peine parfois à se faire une place.
Alors, elle les pousse un peu, s’excuse à voix basse, et s’endort au milieu d’elles, comme dans une montagne d’oreillers vivants.
Mais le retour à l’école, hélas, rime avec le retour d’Aimable.
Sacavie assiste, impuissant, aux mêmes scènes : harcèlement, coups, chantage.
Un jour, Le grand Aimable s’impose dans le jeu de Selma, Brindille, Claire et Timothée. Mais Brindille est lasse de suivre les règles imposées par le grand garçon.
Elle sait que l’issue du jeu, quand Aimable s’en mêle, ce sont les larmes pour l’un d’entre eux.
Alors, elle déclare:
-Si tu joues dans le groupe, moi, je ne joue pas.
Et si tu ne joues pas dans le groupe, j’y joue.
J’ai plus confiance en toi. T’es pas gentil !»
Et elle s’éloigne.
Les autres ne disent rien.
Sans un regard pour Aimable, ils suivent Brindille.
Eux aussi en ont assez.
Aimable ne comprend pas.
D’habitude, Les autres élèves restent avec lui, ils font ce qu’il dit.
Mais là… Ils s’en vont.
Ils suivent Brindille.
Aimable se retrouve seul, au milieu de la cour.
Dans sa tête, une certitude s’installe :
c’est la faute de Brindille.
C’est elle qui les a montés contre lui.
Il ne peut pas imaginer que c’est lui que ses camarades fuient, encouragés par la franchise de leur amie.
Il est seul.
Il n’en a pas l’habitude.
Alors, il va se plaindre auprès des adultes.
La directrice écoute les plaintes d’Aimable, puis elle se précipite, furieuse.
Elle gronde Brindille :
-Pourquoi fais-tu chanter tes camarades ?
Pourquoi les obliges-tu à te suivre ?
Qui es-tu pour décider avec qui ils doivent jouer ?
Tu n’es pas une princesse ! Ne dicte pas tes lois !
Et sans laisser à Brindille le temps de s’expliquer, elle l’envoie réfléchir sur les marches de l’escalier. Brindille est sans voix. Elle ouvre de grands yeux ronds.
Selma, Claire, Timothée, Sacavie… et les autres sont surpris.
Qu’est-ce que Brindille a fait de mal ?
Selma :
Elle n’a fait mal à personne, elle…
Timothée :
Et quand tout le monde obéit à Aimable,
personne ne dit rien, pourtant !
Aimable est satisfait : ses camarades vont revenir vers lui…
Et en passant devant Brindille assise en haut des marches,
il lui tire la langue.
Le pauvre Sacavie voit tout ça. Il ne peut rien faire...
Pourtant, tout à coup, une lueur semble faire briller le coin de l’œil imprimé sur son rabat.
Il se tortille, se gonfle, et laisse dépasser un petit tissu brillant.
Brindille s’approche discrètement.
Elle saisit doucement ce joli morceau de satin et l’attache autour de son cou.
Dans la cour, Aimable ne comprend pas : les autres ne sont pas venus le rejoindre comme il le pensait. Alors, il regarde Brindille avec aigreur. Mais voyant le foulard de Brindille, la jalousie l’envahit et il se précipite.
S’il y a de jolis tissus dans ce cartable, il en veut, lui aussi !
Il fouille le cartable sans ménagement.
Sacavie n’aime pas ça !
Mais une idée lui vient. Le visage imprimé sur le rabat semble sourire plus que de coutume.
Il se gonfle, se tend...
La main d’Aimable ressort précipitamment du sac.
« Aïe ! Aïe aïe aïe ! Maîtresse ! Ça fait mal ! »
Une paire de ciseaux de couture oubliée, toujours bien affutée se trouvait là, dans la poche secrète.
Et en fouillant frénétiquement, avide de tissu brillant, Aimable s’est entaillé le doigt.
Les autres enfants ne peuvent s’empêcher de rire, soulagés.
Après tout, il y a une justice,
même si ce n’est pas celle qu’ils attendaient.
Selma :
Sacavie a vengé Brindille.
Brave cartable ! tu es un héros ! Déclare Claire.
Evidemment, Selma se fait gronder pour les ciseaux.
On n’emmène pas ce genre d’objet dangereux à l’école.
Aimable est soigné, comme toujours.
L’entaille était petite, mais on lui fait un beau pansement, digne d’un doigt cassé.
Il est fier de son bandage.
Et les adultes, encore une fois, excusent tout.
Mais les enfants de l’école, eux,
ne s’y sont jamais trompés.
Ils savent.
Ils ont toujours su.
Selma :
Les vrais problèmes d’Aimable ne viennent pas seulement de son trouble ou de sa violence intérieure…
Claire :
Mais aussi de cette impunité que les grands lui accordent
Selma:
Aimable ne veut pas changer : il a tout ce qu’il veut.
Claire :
Et personne ne l’oblige, à changer…
Perchée sur les marches, assise près de Sacavie, Brindille murmure :
« Les adultes disent qu’il faut être bienveillants.
C’est vrai. On ne revient pas là-dessus.
Mais la bienveillance, ce n’est pas laisser faire.
Ce n’est pas se taire pour ne pas avoir à intervenir.
Selma :
La bienveillance, ce n’est pas protéger les violents sous prétexte qu’ils souffrent,
tout en laissant les autres se débrouiller avec leurs blessures.
La bienveillance, ce n’est pas protéger celui qui fait mal sous prétexte qu’il va mal.
Timothée :
Ça, ce n’est pas de la bienveillance.
C’est de la paresse… Ou de la peur. »
Claire :
«La vraie bienveillance, c’est aussi avoir le courage de dire non.
D’écouter les silencieux.
La vraie bienveillance, c’est le courage d’entendre ce qui dérange.
Selma :
C’est de voir ce qu’on n’a pas voulu voir…
Timothée :
Et de protéger ceux qui subissent en silence.
Selma :
Il y a des adultes qui croient être bienveillants,
alors qu’ils ne font qu’éviter les vagues.
Et ceux-là, il faut s’en méfier.
Car ce sont eux qui créent les méchants.
Les enfants, eux, ils savent bien la différence entre un enfant maladroit… et un enfant méchant. Entre quelqu’un qui ne peut pas… et quelqu’un qui ne veut pas.
Sacavie aussi l’a compris… et il a défendu Brindille.
Les aventures de Sacavie - Épisode 4
Agnès :
Amis de Sacavie, bonjour.
Aujourd’hui, pour ce quatrième épisode, je vais laisser la parole à une autre conteuse : Sarah.
Sarah, c’est ma petite Selma à moi.
Voici une nouvelle aventure de Sacavie, inspirée d’une rencontre.
Installez-vous confortablement, et…
Sarah
…et ouvrez grand vos oreilles, car aujourd’hui, c’est moi qui raconte.
Je m’appelle Sarah, j’ai neuf ans et demi, et je vais vous présenter une nouvelle petite fille, qui est devenue amie avec Selma, grâce à Sacavie.
GÉNÉRIQUE :
« Les aventures de Sacavie », le cartable pas comme les autres… qui aime les enfants curieux et attentionnés.
Sarah (suite)
C’est bientôt les vacances de Pâques.
Selma a eu une super idée: inviter ses amis pour une soirée pyjama chez son papa.
Agnes :
elle a invité Timothée le timide, Claire…
Sarah :
La crevette.
Agnes :
Mais aussi Léïa
Sarah :
Oui, Brindille.
Agnes :
Et puis Lola et aimable.
Sarah :
Ah non ! Pas aimable ! Et puis tais-toi ! C’est moi qui raconte !
Agnes :
Ah pardon. Continue.
Sarah :
Merci !
Donc, tout est prêt pour la soirée. Des matelas par terre dans la grande chambre, des coussins partout. Même les peluches de Selma ont quitté le grand lit mezzanine pour s’installer sur les couvertures, leur écharpe colorée bien nouée. (écouter l’épisode 3).
Tout le monde est arrivé en pyjama… sauf une.
Quand Lola apparaît devant le portillon du jardin, on dirait une héroïne sortie d’un conte de fées.
Une robe tulle arc-en-ciel, des paillettes dans les cheveux, une baguette magique rose fluo à la main…
Agnes :
Claire, qui la regarde arriver depuis la fenêtre, éclate de rire :
Sarah :
— « Ah quand même ! La Reinette nous fait l’honneur d’arriver ! Et quelle tenue !»
Agnes :
Reinette, c’est le surnom de Lola.
Sarah :
Parce que même à l’école, elle ne s’habille jamais comme les autres. Toujours en robe à volants. Toujours en froufrous. Toujours à paillettes. Toujours un peu... féérique.
Son crayon à papier est une baguette magique. Avec une étoile au bout. Elle s’en sert pour jeter des sorts en douce quand la maîtresse tourne le dos.
Et si un jeu ne lui plaît pas, ou si elle ne gagne pas, elle croise les bras, elle boude, elle chougne.
Et surtout, elle commande. Toujours. Comme une petite reine. Une Reinette, quoi.
Selma l’accueille avec un grand sourire. Même si, franchement, c’est un peu gênant cette histoire de robe de fée.
— « T’avais pas un pyjama ? », chuchote-t-elle.
— « Si. Mais j’ai décidé que ce soir, j’étais la fée de la nuit. »
Le papa de Selma les appelle depuis le salon :
— « Les filles ! On va commencer l’atelier ! »
Car ce soir, pas de film.
Pas d’écran. Pas de pop-corn.
Mais un vrai moment de bricolage magique : la fabrication d’une veilleuse de chevet. Une par enfant.
Autour de la table, tout le monde est curieux.
Tout le monde… sauf Lola.
Elle fronce les sourcils.
Elle lève les yeux au ciel.
Et elle dit, d’un ton très sérieux :
— « C’est nul ! Je croyais qu’on allait regarder un film de princesses. »
Le papa n’a pas sourcillé. Il a regardé sa baguette.
— « Dans ce cas, Petite Reinette… je vais avoir besoin de ta magie. Tu veux bien faire danser ta baguette au-dessus de Sacavie ? »
Et là, Sacavie, posé au bout de la table, s’est mis à vibrer…
Agnes :
Ou bien est-ce le papa qui l’a secoué ?
Sarah :
c’est mieux de dire que c’est Sacavie qui se secoue !
Et puis c’est moi qui raconte !
Agnes :
Ah pardon. Continue.
Sarah :
Un souffle doux sort de Sacavie le merveilleux. Et un à un, cinq sachets colorés en sortent, et finissent dans les mains du papa. Des petits paquets cousus main. Chacun d’une couleur différente.
— « Voici les éléments pour fabriquer vos veilleuses.
Toi, Lola, celui-ci est rose, comme ta baguette. »
— « Je veux le vert ! », a-t-elle répondu direct.
— « Le vert, c’est celui de Selma. »
— « Je M’EN FICHE. Je veux le vert ! Je suis la Reinette et une reinette, c’est vert !»
Un silence gêné traverse la pièce.
Lola boude, vraiment très fort. Avec les bras croisés et le menton rentré.
Mais Selma ne veut pas céder cette fois : elle déteste le rose.
Mais… Il faut bien débloquer la situation… Et reinette est têtue ! C’est là son moindre défaut.
Alors… Selma cède. Parce que c’est pas grave, la couleur. L’important, c’est ce qu’il y a dedans.
Mais même là, Lola trouve à redire.
— « C’est quoi, ce machin ? Une boîte d’allumettes ? Berk.
Et ce papier-là ? On dirait du papier alu de cantine.
Beurk.
Et cette ampoule ? Elle est trop petite.
Et cette pile ? C’est une balle de fusil ou quoi ? »
— « Mortelle Adèle, sors de ce corps ! » murmure le papa en souriant doucement.
Il sait que la gentillesse ne vient pas toujours d’un coup de baguette magique.
Il laisse faire.
Il explique. Il montre.
Et bientôt, les veilleuses commencent à prendre forme.
Même Lola, sans qu’on s’en rende compte, colle, plie, bricole.
Et le papa lui demande à plusieurs reprises de faire danser sa baguette au-dessus de Sacavie… qui offre des pinceaux, du tissu, de la peinture… et même le paquet de chips pour la fin.
Quand les veilleuses sont finies, devinez ce que fait Lola…
Elle boude !
La sienne est moche, la couleur n’est pas parfaite, l’ampoule est tordue… elle veut échanger avec Timothée.
Afin d’éviter le conflit, le papa éteint la lampe du salon, et tout le monde admire ces petites lumières discrètes, qui entourent la table et Sacavie d’un halo doux et chaud.
…même Reinette dit :
— « C’est joli. »
Elle n’a pas souri. Mais presque.
Et Sacavie, lui, a clignoté. Juste une fois... Peut-être deux… Comme un clin d’œil.
Agnes :
Tu veux dire que les enfants ont cligné des yeux, c’est ça ?
Sarah :
Que tu es terre à terre !
C’est mieux de dire que Sacavie fait des clins d’œil, non ?
Agnes :
Ah pardon. Continue.
Sarah :
Je ne vous raconte pas la soirée ! Magique ! Lola était contente !
Agnès :
En fait, tout le monde était content ! Et… Ils se sont endormis vraiment tard !
Sarah :
Mamiiiie
Donc, le lendemain matin, au moment de partir, tout le monde range ses affaires. /
Les veilleuses sont emballées dans les sachets de tissu et prennent place dans les sacs à dos. Sacavie, lui, s’est assoupi sous la table.
Agnes :
Tu veux dire qu’on l’a oublié sous la table ?
Sarah :
Mamiiiie !
Agnes :
Ah pardon. Continue.
Sarah :
donc, Sacavie dort, tranquille.
Agnes :
Mais Reinette, au moment de partir, le fixe avec envie.
Avec insistance.
Elle déclare, très fort :
Sarah :
— « Je pourrais l’avoir, moi ? Il est trop magique ce cartable… Il est fait pour moi. »
Agnes
Personne ne répond.
Selma la regarde, sidérée.
Elle secoue la tête.
Sarah:
— « Non. Sacavie, c’est mon cartable, mon ami, mon confident. Il a mon odeur. Mes souvenirs. Mes vies. Je ne m’en séparerai jamais !»
— « C’est ce que je dis ! Il est magique ! Et je suis une fée ! J’aimerais bien garder mes souvenirs dans mon cartable, moi aussi… »
Un long silence s’installe.
Brindille, qui sent toujours le vrai, le juste, brise le silence.
— « Tu veux juste un objet avec qui parler… / et qui ne te répond pas. / Qui te sourit, quoi que tu lui dises. »
Et c’est là que la maman de Brindille parle. Elle comprend que derrière tous ces caprices se cache un grand sentiment de solitude.
Et sa maman, c’est une couturière.
— « Si tu veux, je peux t’en faire un.
Un cartable pour toi. Pas un Sacavie, bien sûr… Mais un Reinettou peut-être ? »
Reinette lève la tête.
Elle ne sourit pas.
Mais presque… Ses yeux s’illuminent.
Agnes :
elle est gentille cette maman !
Sarah :
C’est vrai! Mais attends la suite !
Agnes :
Ah pardon. Continue.
Sarah :
Les vacances passent.
Et le jour de la rentrée, devinez quoi ?
Agnes :
Non, quoi ?
Sarah :
Lola arrive à l’école avec un tout nouveau cartable.
Il est rose bonbon, avec un petit visage qui sourit brodé sur le devant et des paillettes sur les joues.
Elle le pose fièrement sur les marches de l’école.
— « Les amis, je vous présente Sacamagie ! »
Elle se penche sur le cartable et sort sa baguette-crayon et le fait danser au-dessus de son sac.
Et là, tout doucement, elle fouille dans son sac et distribue des crayons-baguettes rose fluo à chacun-chacune de ses copins et copines. À Claire, Selma, Brindille, Timothée…
Agnes :
Même à Aimable ?
Sarah :
Évidemment ! elle veut pas avoir des ennuis !
Agnes :
Ah oui, bien-sûr !
Mais sortir des crayons-baguettes d’un cartable…
C’est pas magique, ça !
Sarah :
Non ! Mais c’est gentil.
Agnes :
Mais franchement ! rose fluo ! C’est de très mauvais goût !
Sarah :
Ah ça… on ne peut pas changer les goûts des gens, hein.
Lola aimera toujours le rose, les paillettes, les baguettes magiques, les licornes et les princesses.
Mais maintenant, elle est plus sympa, elle sait qu’on peut aussi… partager un peu de magie.
Agnes :
Et la morale de l’histoire ?
Sarah :
Je sais pas trop. Peut-être que parfois, les caprices, ça cache un petit trou dans le cœur… comme une petite pièce vide et sombre… Qu’on peut éclairer grâce à une veilleuse faite de bric et de broc.
Agnes :
Et peut-être aussi que quand on ne veut pas céder, comme Selma
On peut proposer autre chose… Une alternative…
Quelque chose d’équivalent, et même de plus enrichissant… pour tous.
Sarah :
T’as tout compris. C’est bien mamie !
Agnes :
Bon, maintenant que l’histoire est finie, il est temps de dire au revoir, non ?
Sarah :
T’as raison Mamie-blue !
Notre histoire est maintenant terminée.
Nous espérons que vous l’avez autant appréciée que les autres aventures de Sacavie…
Agnes :
que vous pouvez écouter sur cette chaine.
Les liens sont dans la description.
Sarah :
Et si cette histoire vous a plu, vous pouvez cliquer sur le pouce bleu, activer la cloche, et surtout, abonnez-vous.
À bientôt, pour de nouvelles aventures de Sacavie.